L'économie mondiale se trouve à «un tournant très dangereux», a affirmé mardi à Lagos la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.

«Actuellement, l'économie mondiale se trouve à un tournant très dangereux», a déclaré Mme Lagarde lors d'une table ronde sur l'avenir économique de l'Afrique, en mettant en garde contre de possibles répercussions néfastes de la crise en Europe sur les pays les plus pauvres.

Les responsables européens ont pris «des décisions fortes» lors de leurs derniers sommets, mais «tout dépendra de leur mise en place», a mis en garde la directrice du FMI.

«Ces problèmes peuvent sembler à des milliers de kilomètres», a-t-elle lancé à ses interlocuteurs nigérians. «Mais il y a clairement des réseaux de contagion entre les économies avancées et le reste du monde.»

Mme Lagarde a évoqué une crise de confiance marquée par un chômage élevé et un ralentissement de la croissance mondiale.

Elle a indiqué que le FMI réviserait la prévision de croissance mondiale en janvier, qui devrait être plus faible que la précédente prévision de septembre (+4%), déjà en recul par rapport aux prévisions de juin.

«En outre, il y a des risques baissiers qui se profilent à l'horizon, menaçant vraiment le rétablissement de l'économie qui avait démarré» après la crise financière de 2008-2009, a-t-elle dit.

Le FMI avait déjà annoncé le 1er décembre qu'il allait «probablement» abaisser en janvier ses prévisions de croissance mondiale pour 2012, au vu du «ralentissement de l'activité économique» en Europe et ailleurs.

«Nous réviserons probablement à la baisse notre prévision», avait indiqué à Washington un porte-parole, Gerry Rice, sans livrer plus de détails.

Arrivée dimanche au Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, Mme Lagarde avait rencontré lundi la ministre des Finances Ngozi Okonjo-Iweala qui est une ancienne directrice de la Banque mondiale, et d'autres responsables économiques.

Christine Lagarde avait estimé lundi que la crise européenne de la dette représentait un risque pour «toutes les économies du monde».

Elle a estimé que les pays plus pauvres, en particulier ceux dépendant fortement d'investissements et d'échanges commerciaux européens, devaient se préparer à faire face à d'éventuelles difficultés.

Après le Nigeria, Christine Lagarde, dont c'est le premier déplacement en Afrique depuis son installation au FMI, est arrivée mardi en début de soirée au Niger voisin, a-t-on appris auprès du Fonds à Niamey.

Elle doit s'entretenir mercredi avec le président Mahamadou Issoufou et prononcer vers 16H00 (15H00 GMT) devant l'Assemblée nationale un discours sur «les défis de l'économie nigérienne dans une période incertaine pour l'économie mondiale». Sa visite se poursuivra jeudi.

Le Niger est un des pays les plus pauvres du monde et est fortement dépendant du commerce avec l'Europe, en particulier la France, ex-puissance coloniale.

Mme Lagarde doit également se rendre en Afrique du Sud dans les prochaines semaines.