L'idée d'une taxe sur les transactions financières a gagné vendredi, lors d'un sommet en France des dirigeants des 20 premières puissances mondiales, une place dans le débat public sans cependant voir le début d'une concrétisation comme l'espéraient Paris et Berlin.

Désormais, un certain nombre de pays ont rejoint «le combat» de la France, a fait valoir le président français Nicolas Sarkozy, se félicitant que cette nouvelle taxe, indispensable selon lui pour contribuer au financement du développement, soit désormais bien ancrée sur la place publique.

«On partait d'une situation de blocage absolu, désormais la taxe est un élément du débat», a-t-il fait valoir.

Il a cité la Commission européenne, l'Allemagne, l'Espagne, l'Argentine, l'Union africaine, l'Ethiopie, l'Afrique du Sud et le secrétaire général des Nations unies, comme soutenant les efforts franco-allemands, relancés à la mi-août, pour cette nouvelle taxe. Même le Brésil «nous a dit son intérêt pour la démarche», a précisé le chef d'État français.

Au regard des attentes, le résultat est cependant pour le moins très modeste. Paris espérait qu'à l'occasion du sommet du G20, un «groupe pilote» de pays approuve formellement le principe de la création d'une telle taxe, qui pourrait rapporter plusieurs dizaines de milliards d'euros par an.

Le soutien de l'Américain Bill Gates, chargé d'un rapport sur les financements innovants destinés à l'aide au développement, avait été perçu comme un encouragement par les promoteurs de l'idée d'une nouvelle taxe.

Dans le communiqué final du sommet du G20 de Cannes (sud-est), une simple petite mention est faite sur le sujet, enjeu, selon Paris, de débats ardus avec plusieurs membres qui ne voulaient même pas à l'origine en entendre parler, comme les États-Unis, la Chine, le Canada, la Russie ou la Grande-Bretagne.

«Nous prenons note des initiatives dans certains de nos pays pour taxer le secteur financier pour des objectifs divers, dont une taxe sur les transactions financières, pour, entre autres, aider le développement», dit le texte.

Certaines organisations non gouvernementales ne s'y sont pas trompées, en déplorant l'absence de progrès plus importants à la faveur du sommet du G20.

«Alors que les associations espéraient que Nicolas Sarkozy annoncerait au G20 le lancement concret d'une taxe sur les transactions financières par une coalition de pays pionniers, au final le seul résultat est la présentation d'un groupe de pays soutenant» ce projet. «C'est une grande déception», a réagi Francesca Belli de l'ONG Aides.

D'autres ONG se sont montrées plus mesurées, comme Luc Lamprière d'Oxfam France qui a préféré relever que le communiqué du G20 établissait «clairement un lien» entre la taxe et le développement, ce qui n'était pas acquis d'avance.

L'affectation du produit de cette taxe reste en effet très incertaine et continue de diviser, y compris ses promoteurs. La Commission européenne lorgne ainsi sur ses recettes pour alimenter les budgets européens, voire permettre d'atténuer la dette des pays membres, alors que la France entend les consacrer «en majorité», a dit Nicolas Sarkozy, à l'aide au développement.

La France «se battra» pour que la nouvelle taxe soit mise en service «dès l'année 2012» au sein de l'Union européenne, a-t-il promis. Mais dans cette enceinte, deux pays y sont cependant très opposés, la Grande-Bretagne et la Suède.