Les pays du G20, réunis samedi à Paris, ont reconnu les progrès réalisés par les Européens dans la résolution de leur crise de la dette, mais, inquiets pour une croissance mondiale dont les perspectives s'assombrissent, ils les ont aussi pressés de tenir leurs promesses.

«Nous avons entendu des choses encourageantes de la part de nos collègues européens à Paris sur un nouveau plan complet» pour endiguer la crise, a commenté à l'issue de la réunion le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner.

Mais les problèmes des finances publiques des uns et des autres ont déjà profondément affecté la conjoncture mondiale. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a évoqué l'«évolution négative» du climat ces dernières semaines, «en train de toucher les pays émergents».

Du coup, un certain nombre d'entre eux dont le Brésil et la Chine ont poussé à un renforcement des moyens financiers du FMI, pour lui permettre de soutenir l'Europe si la crise s'étendait à des grosses économies comme l'Italie et l'Espagne.

L'idée est cependant loin de faire l'unanimité: si la France y est favorable, l'Allemagne est très réticente, tout comme les États-Unis.

Dans leur communiqué final les pays du G20 se contentent donc de s'engager à ce que le FMI soit doté de ressources «adéquates», et à approfondir le sujet lors du sommet de leurs dirigeants à Cannes, dans le sud-est de la France, les 3 et 4 novembre.

La réunion des ministres des Finances des vingt principaux pays riches et émergents, servait officiellement de simple préparation à celle de Cannes.

D'ici là, les Européens doivent avoir trouvé une solution à leurs problèmes les plus pressants: le sort de la Grèce, pour laquelle une restructuration d'envergure de la dette se dessine, la recapitalisation des banques européennes et le renforcement de la «puissance de feu» du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour les pays fragiles de la zone euro.

Un sommet européen à Bruxelles le 23 octobre devra s'acquitter de la tâche. Ses résultats seront «décisifs», a promis le ministre des Finances français François Baroin, tandis que son confrère allemand Wolfgang Schäuble a assuré: «nous avons confirmé à nos collègues que nous étions conscients de notre responsabilité». «Nous trouverons une solution pour la Grèce», a-t-il martelé devant la presse.

Cette responsabilité, les dirigeants des autres pays du G20 n'ont pas perdu une occasion de la rappeler à la zone euro, dont les problèmes qui font tache d'huile hypothèquent la croissance mondiale.

Les Européens sont «à la traîne depuis un an», avait jugé vendredi le ministre sud-africain des Finances Pravin Gordhan et le président américain Barack Obama, qui a déjà à plusieurs reprises manifesté son impatience à l'égard des Européens et a appelé vendredi soir la chancelière allemande Angela Merkel.

Dans la course à une solution européenne, la France et l'Allemagne se sont attribuées un rôle moteur. M. Schäuble a été reçu à déjeuner par le président français Nicolas Sarkozy vendredi midi, et les deux responsables ont «bien avancé», a assuré le ministre français des Finances François Baroin.

La crise européenne a éclipsé les autres priorités de la présidence française du G20. Mais les ministres se sont entendus samedi sur des règles pour un meilleur contrôle des flux de capitaux transfrontaliers, a annoncé M. Baroin, un «accord-cadre» devant être adopté à Cannes.

Le sujet le plus délicat reste le yuan: la France rêve d'obtenir d'ici début novembre de la Chine un calendrier en vue de la convertibilité de sa monnaie, clé aux yeux des Occidentaux d'un rééquilibrage de l'économie mondiale. Pékin a de nouveau douché ces espoirs samedi en affirmant son attachement à «un taux de change fondamentalement stable».

La réunion des ministres des Finances de ce groupe de vingt pays industrialisés et émergents se tenait alors que, dans des dizaines de villes du monde, des processions d'«indignés» sont descendus dans la rue pour protester contre la précarité, effet de la crise, et le pouvoir des marchés financiers.