La Banque d'Angleterre (BoE) a décidé jeudi de recourir aux grands moyens pour tenter de relancer une croissance quasiment à l'arrêt en injectant 75 milliards de livres d'argent frais, l'équivalent de 120 milliards de dollars CAN, dans le circuit économique.    

Face au risque accru d'un retour du pays dans la récession, la BoE a repris son programme de rachats d'actifs - dit d'«assouplissement quantitatif» -, qui avait été lancé en mars 2009, lorsque l'économie était au creux de la vague.

La BoE a ainsi choisi d'injecter de nouvelles liquidités en rachetant aux banques des emprunts d'État. Cette arrivée d'argent frais devrait soutenir la croissance face à un ensemble de «tensions dans l'économie mondiale qui menace la reprise au Royaume-Uni», a-t-elle expliqué.

Une première phase du programme, relevé à plusieurs reprises jusqu'à un total de 200 milliards de livres (320 milliards CAN), avait été épuisée en janvier 2010.

Comme cela était attendu, l'institution a par ailleurs maintenu jeudi son taux d'intérêt directeur à 0,5%, niveau exceptionnellement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, en dépit de l'inflation élevée (4,5%) qu'elle est justement censée contenir.

La BoE reconnaît ainsi que «la menace majeure pour l'économie britannique est un retour en récession plutôt que l'inflation», souligne Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.

L'annonce d'une relance monétaire était largement attendue, mais pas forcément aussi tôt et pour une somme aussi élevée, les analystes tablant plutôt sur 50 milliards de livres.

Le choix d'agir vite et fort montre que la BoE «pense que les perspectives déjà difficiles pour l'économie se sont encore détériorées», relève Howard Archer, analyste chez IHS Global Insight.

La dernière mauvaise nouvelle pour l'économie britannique est tombée mercredi, avec la révision à la baisse de la croissance à un modeste +0,1% au deuxième trimestre, contre 0,2% estimé jusqu'alors.

Pour assainir ses finances, le Royaume-Uni est engagé dans une politique d'austérité drastique, qui pèse sur la consommation, mais à laquelle le gouvernement n'entend pas renoncer. La crise de la dette en zone euro, cruciale pour les échanges économiques du royaume, assombrit encore les perspectives.

«Le rythme de la croissance mondiale a ralenti, particulièrement sur les principaux marchés d'exportation du Royaume-Uni», comme la zone euro, a ainsi reconnu la banque centrale britannique pour motiver sa décision.

Le ministre des Finances conservateur George Osborne a salué une «décision positive pour l'économie britannique».

Reste désormais à savoir si ce coup de fouet - qui pourrait être suivi de nouvelles injections dans les mois à venir - sera suffisant pour soutenir la croissance, en maintenant ouvertes les vannes du crédit pour les ménages et les entreprises.

Selon des économistes cités dans le dernier bulletin mensuel de la BoE, le programme d'assouplissement mis en place dans le passé a montré son efficacité en apportant jusqu'à 2% supplémentaires au PIB britannique.

«Cette mesure aidera à soutenir la confiance, mais nous devons reconnaître que son impact sur les perspectives de croissance devrait être relativement modeste», en attendant une solution aux problèmes de la zone euro, a tempéré Ian McCafferty, l'économiste en chef de la confédération patronale, la CBI.

«Les risques de récession demeurent à un niveau alarmant», en dépit de la décision de la BoE, estime pour sa part M. Loynes.