Le Spam, cet indéfinissable pâté de viande en conserve concocté aux États-Unis, se vend bien au Japon. Entre une couche de riz et une autre d'algue séchée, ou encore dans les hamburgers de Burger King à Tokyo, il plaît à une clientèle de plus en plus accro au fast-food américain.

Un régime à base de riz et de poisson, avec très peu de viande et de sucre, a fait des Japonais la population la plus en santé du monde. Leur espérance de vie est légendaire et continue de croître, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis où l'obésité menace de renverser la tendance à l'augmentation de la longévité dans les pays riches.

C'est au Japon qu'on trouve le plus de centenaires, souvent des vieux en forme qui peuvent encore jouir de la vie. Il y en a tant que le gouvernement a réduit la teneur en argent de la fiasque qu'il offre à tous les nouveaux centenaires, parce que ça coûtait trop cher.

Mais cette bonne santé, qui est la principale richesse des Japonais, ne se transmettra peut-être pas à la jeune génération dont le style de vie est bien différent de celui de leurs parents.

C'est assez évident dans les quartiers à la mode de Tokyo comme Shibuya, où les restos qui servent pizzas et hamburgers sont plus nombreux que ceux où on peut manger des sushis et du tofu. La malbouffe a la cote chez les jeunes Japonais.

Autre surprise, il est interdit de fumer dans la rue à Tokyo, mais c'est permis dans les bars et restaurants et personne ne s'en prive, surtout chez les jeunes. Il y a proportionnellement plus de fumeurs au Japon qu'aux États-Unis. Le cancer du poumon est devenu la principale cause de mortalité du pays.

Le diabète, les maladies cardiaques et la haute pression connaissent aussi une augmentation inquiétante, constate le spécialiste du Japon Jeff Kingston, professeur à l'Université Temple de Tokyo, dans son plus récent ouvrage (1).

Ça n'augure rien de bon pour le système de santé japonais, qui est considéré comme un des meilleurs et des plus efficaces parmi les pays industrialisés. Aussi bon soit-il, ce système est déjà sous pression, avec des coûts en forte augmentation à cause du vieillissement de la population.

La liste des problèmes du système de santé japonais est une copie conforme de celle du Québec, mais à la puissance 10. Pas assez de médecins, pénurie d'infirmières, manque de place dans les centres de soins de longue durée.

Contrairement aux Québécois, les Japonais se préparent depuis longtemps au choc démographique. Il ont trouvé quelques pistes de solutions, comme faire revivre les banlieues, dont le Québec pourrait s'inspirer.

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(1) Contemporary Japan, History, Politics and Social Change since the 1980, Wiley-Blackwell, 2011

Photo: Reuters

Fumer dans les endroits publics n'est toujours pas interdit au Japon, peut-être parce que l'État est actionnaire du fabricant de tabac Japan Tobacco.