La planète financière a vécu l'une de ses pires semaines depuis la chute de la banque Lehman Brothers, prise dans un tourbillon d'informations angoissantes, de rumeurs alarmistes et de démentis dont les valeurs bancaires ont été les premières victimes.

Dès lundi, les marchés ont ouvert en forte baisse, déçus par le G7, qui a peiné à apporter une réponse convaincante à la crise, et inquiets pour la Grèce, le ministre allemand des Finances ayant déclaré la veille qu'un défaut de paiement «ordonné» de ce pays pouvait être envisagé afin de sauver l'euro.

L'annonce par Athènes de nouvelles mesures d'économies de 2 milliards d'euros n'a pas réussi à contrebalancer l'effet de la rumeur prêtant à l'agence Moody's l'intention de dégrader plusieurs banques françaises, qui ont dégringolé à la Bourse de Paris: Société Générale a perdu jusqu'à 15%, et BNP Paribas 10%.

Paris, Milan et Madrid ont fini au plus bas depuis deux ans et demi.

Mais c'est mardi que la planète financière a connu sa plus folle journée.

À la hantise d'une faillite de la Grèce s'est ajoutée la crainte d'une crise majeure de liquidité, semblable à celle de 2008 après la chute de la banque américaine Lehman Brothers.

À l'origine de cette inquiétude, les propos d'un cadre anonyme de BNP Paribas, rapportés par le quotidien américain Wall Street Journal, selon lesquels la banque française n'arrivait plus à se financer en dollars. Propos vigoureusement démentis par l'intéressée, qui a porté plainte auprès de l'Autorité des marchés financiers, et dont le titre a aussitôt rebondi.

Une autre rumeur, prêtant au fonds souverain chinois l'intention d'acheter des obligations italiennes, et elle aussi démentie, a eu au contraire une effet dopant sur les Bourses, tandis que les grands pays émergents des Brics faisaient savoir qu'ils étaient prêts à venir en aide à l'Union européenne.

Signe de la défiance des marchés, l'Italie, troisième économie de la zone euro et qui ploie sous l'une des dettes publiques les plus lourdes de la zone, a pu procéder à une émission obligataire, mais a dû offrir des taux records.

En raison de leur exposition à ce pays, les banques françaises ont subi le contre-coup de cette défiance sur leurs titres, qui ont fortement baissé.

Mercredi matin, Moody's a donné le coup de grâce en dégradant d'un cran la note de la Société Générale et du Crédit Agricole, tout en accordant un répit à BNP Paribas qui a annoncé une série de mesures pour renforcer ses fonds propres et sécuriser son financement, espérant ainsi rassurer les investisseurs.

Les turbulences boursières sont allées jusqu'à remettre en cause le projet du groupe industriel allemand Siemens d'introduire en Bourse sa filiale.

Mais à partir de jeudi, tout s'est inversé, la zone euro donnant l'impression de reprendre la main. Les déclarations, mercredi en fin de journée, de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy, selon lesquelles «l'avenir de la Grèce» était «dans la zone euro», ont eu un effet positif sur les marchés.

Avant la clôture, les principales banques centrales mondiales sont entrées en action en annonçant qu'elles mettraient à la disposition des banques des liquidités en dollars afin d'éviter un tarissement du crédit.

Les marchés ont exulté et les banques, que ce soit à Paris ou à Francfort, ont terminé en très forte hausse, en attendant une réunion des ministres européens des Finances en Pologne, censée débloquer la mise en oeuvre du second plan d'aide à Athènes, décidé le 21 juillet. Fait exceptionnel, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a été invité à la rencontre. «Les signes de coordination internationale se multiplient ces dernières heures et ont permis d'enrayer la baisse des marchés», relevait vendredi l'analyste Franklin Pichard de Barclays.