En proposant samedi Jörg Asmussen à la BCE pour remplacer Jürgen Stark démissionnaire la veille, l'Allemagne espère continuer à défendre orthodoxie monétaire et vertu budgétaire dans la zone euro, en pleine crise de la dette.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble n'a pas traîné, il a proposé, en marge du sommet du G7 à Marseille (France) un de ses hommes de confiance, son secrétaire d'État aux Finances, pour remplacer le chef économiste de la Banque centrale européenne Jürgen Stark, un autre Allemand.

«Ses qualifications vont probablement beaucoup nous apporter», a-t-il assuré. Son arrivée au sein de la BCE doit encore être approuvée par les chefs de gouvernement et d'État européens.

Dès vendredi soir, M. Schäuble avait évoqué son nom avec le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. «Mon impression est que cette proposition a été très positivement accueillie par nos partenaires», a-t-il dit.

Interrogé par des journalistes sur la future politique de la BCE, M. Asmussen a rappelé qu'il était au diapason avec le président de la Bundesbank, Jens Weidmann. «Il est connu que nous sommes, Monsieur Weidmann et moi, proches économiquement», a-t-il dit.

M. Weidmann a promis quant à lui dans une interview à paraître dimanche dans le journal populaire allemand Bild am Sonntag qu'il continuerait à défendre l'orthodoxie monétaire à l'allemande, après la démission de la BCE de son compatriote Jürgen Stark.

«Jürgen Stark défendait l'orthodoxie monétaire dans la tradition de la Bundesbank. En tant que président de la Banque centrale allemande, je continuerai à m'engager au sein du conseil de la BCE en faveur de la stabilité monétaire et de l'indépendance de la Banque centrale», a dit M. Weidmann, selon des extraits diffusés samedi.

La démission de M. Stark, qui occupait l'un des postes les plus importants au sein du directoire de la BCE depuis le 1er juin 2006, a fait éclater au grand jour les dissensions au sein de l'institution sur la gestion de la crise de la dette. Son mandat ne devait s'achever que le 31 mai 2014.

Mais depuis plusieurs semaines, ce docteur en économie ne cachait pas son malaise sur le programme de rachat d'obligations publiques mis en oeuvre par l'institution monétaire de Francfort (ouest) afin de soulager les pays les plus fragiles de la zone euro.

La BCE, qui avait adopté ce programme d'achat de dette à contrecoeur en mai 2010 pour porter secours à la Grèce, a accepté de jouer une nouvelle fois les pompiers pour l'Italie et l'Espagne, face à l'incapacité des responsables politiques européens à calmer les marchés.

Mais la partie allemande n'a jamais accepté cette mesure qui, selon elle, menace l'indépendance et les finances de la BCE.

Dans un entretien diffusé samedi par le journal allemand dominical Tagesspiegel am Sonntag, la chancelière Angela Merkel a appelé ses concitoyens à faire preuve de patience vis-à-vis de la Grèce.

«Ce que l'on n'a pas fait pendant des années ne peut être rattrapé en une nuit», a-t-elle dit, rappelant combien il fut difficile de reconstruire l'ex-RDA après la réunification allemande.

Parallèlement, la chancelière a appelé le gouvernement grec à ne pas fléchir dans ses efforts de réformes: «La Grèce sait que le versement de crédits dépend du fait qu'elle remplisse ses obligations».