Une majorité de Français (54%) jugent que la dette et le déficit de la France constituent «un problème très grave qu'il faut attaquer sans attendre», mais ils sont encore plus nombreux (59%) à penser que cela pourra se faire sans augmenter les impôts, selon un sondage publié mardi.

Selon cette enquête réalisée par l'IFOP pour la Lettre de l'Opinion et diffusée mardi, plusieurs pistes suggérées par l'institut de sondage pour lutter contre les déficits font l'objet d'un large consensus auprès des personnes interrogées.

Une majorité écrasante (95%) est ainsi favorable à la création d'une taxe spécifique sur les hauts revenus, concernant les foyers qui gagnent plus d'un million d'euros par an.

Plusieurs personnalités politiques, de tous bords, ont réclamé un tel mécanisme, alors que le premier ministre, François Fillon, doit dévoiler mercredi les mesures devant permettre à la France de ramener son déficit de 7,1% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier à 5,7% cette année puis 4,6% l'an prochain, conformément aux engagements pris par le gouvernement.

Les sondés sont aussi majoritairement favorables à la création au niveau européen d'une taxe sur les transactions financières et boursières (87%), à une augmentation à 45% du taux d'imposition de la dernière tranche d'impôts sur le revenu (86%) et à une augmentation de l'impôt sur la fortune (82%).

À l'inverse, l'augmentation de 30 euros de la redevance pour la télévision (81% de sondés défavorables) et la suppression des déductions fiscales pour les ménages employant des personnes à domicile (70%) sont nettement rejetées.

Dans l'ensemble, ils sont 59% à répondre qu'il sera possible de réduire les déficits dans les prochaines années en baissant seulement les dépenses de l'État, et 41% à prévoir une réduction des dépenses de l'État accompagnée d'une augmentation des impôts et des taxes.

Une majorité (54%) s'accorde également à dire que la dette et le déficit forment «un problème très grave qu'il faut traiter sans attendre quitte à prendre des mesures douloureuses et difficiles».

Ils sont moins nombreux à juger qu'il s'agit «d'un problème préoccupant, mais qui ne nécessite pas forcément de prendre des mesures douloureuses et difficiles» (38%) ou que la situation «n'est pas si grave que cela et dure maintenant depuis plus de trente ans» (8%).

Interrogés sur la personnalité politique à laquelle ils font le plus confiance pour réduire la dette et le déficit publics en vue de l'élection présidentielle de 2012, entre Nicolas Sarkozy, François Hollande et Martine Aubry, les sondés se montrent sceptiques.

Entre le président français et la maire de Lille, ils sont 28% à choisir le premier et 20% la seconde. Plus de la moitié (52%) ne fait confiance ni à l'un, ni à l'autre.

Et entre le chef de l'État et le député de Corrèze, 28% citent le premier et 26% le second. Ils sont 46% à ne choisir personne.

Sondage réalisé du 17 au 19 août auprès de 1.001 personnes représentatives de la population française, âgées de 18 ans et plus, qui ont répondu à un questionnaire autoadministré en ligne (système Cawi).