La trêve aura été brève pour les dirigeants de la zone euro. À peine deux semaines après un sommet extraordinaire, ils sont contraints d'accélérer la cadence face à des marchés paniqués par la crise de la dette et des craintes de ralentissement économique.

L'heure presse d'autant plus que d'autres turbulences sont à prévoir.

L'agence de notation Standard & Poor's vient en effet de retirer le AAA des États-Unis, une première dans l'histoire, ce qui risque de mettre encore plus de pression sur les États lourdement endettés.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a évoqué vendredi soir la possibilité d'organiser «dans quelques jours» une réunion anticipée des ministres des Finances du G7, qui rassemble les É.-U., l'Allemagne, le Japon, la France, le Canada, l'Italie et la Grande-Bretagne.

Ces pays pourraient envisager une action coordonnée, en faisant par exemple appel à leur banque centrale pour calmer les marchés.

Cette hypothèse n'était pas confirmée à la mi-journée, mais des rumeurs avançaient l'idée d'une conférence téléphonique dès ce week-end au niveau du G7 ou de l'Eurogroupe.

Les ministres des Finances du G7 sont «en contact permanent, mais rien n'est décidé sur une conférence téléphonique», s'est contenté de dire samedi le cabinet du ministre français des Finances, François Baroin.

Une réunion du G7 irait dans le sens de la zone euro, qui souhaite une plus grande coordination de la crise de la dette. «Nous saluons cette idée», a d'ailleurs indiqué une source européenne.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avait de son côté affirmé vendredi à Bruxelles qu'une coordination avec le G7 et le G20 était «capitale» pour résoudre la crise que traverse la zone euro.

Il avait également attribué une partie des tensions sur les marchés au débat récent sur le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis.

En une semaine, la Bourse de Francfort a chuté de 13%, celle de Londres de près de 10% et celle de Paris de près de 11%. À Wall Street, l'indice Dow Jones a chuté de 5,75%, signant sa pire semaine depuis mars 2009.

Sur le marché de la dette, la prime que doivent payer l'Italie et l'Espagne a atteint des records, renforçant les craintes d'une contagion de la crise.

Face à ces turbulences, M. Berlusconi a pris le taureau par les cornes en annonçant vendredi soir l'accélération des mesures d'austérité «dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire» dès 2013, et non plus 2014.

Une annonce propre à rassurer des marchés inquiets de ne pas voir appliquer les décisions prises par la zone euro lors de son sommet du 21 juillet.

Les dirigeants de la zone euro s'étaient mis d'accord sur un second plan d'aide à la Grèce et avaient pris des mesures qui pourraient empêcher une contagion de la crise, mais celles-ci sont encore virtuelles.

Elles doivent être approuvées par les Parlements nationaux, ce qui ne pourra se faire avant septembre. Une échéance jugée trop lointaine pour les marchés.

En outre, des blocages ne sont pas à exclure dans certains pays.

Samedi, de nouvelles dissonances apparaissaient au sein de l'Union monétaire. Le ministre allemand de l'Économie, Philipp Rösler, a fait part de son scepticisme quant à la demande du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, de réévaluer les capacités du Fonds européen de soutien, un instrument majeur pour empêcher une contagion de la crise.

Le chef de l'exécutif européen avait estimé cette semaine qu'augmenter la capacité du fonds était nécessaire pour gérer les risques de contagion.

À l'heure actuelle, ce fonds ne peut prêter que 440 milliards d'euros, un montant insuffisant pour venir éventuellement en aide à l'Italie, la troisième économie de la zone euro, mais aussi son deuxième pays le plus endetté.