L'ensemble de la classe politique italienne a affiché mardi sa détermination à adopter un plan de rigueur d'ici la fin de la semaine, afin de calmer des marchés qui craignent une contagion de la crise de la dette à la péninsule.

Dans sa première déclaration publique depuis le début de la panique sur les marchés vendredi, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a appelé à l'unité dans une période «pas facile» exigeant des «sacrifices».

«La crise nous pousse à accélérer le processus de correction (budgétaire) en des temps très rapides, à en renforcer le contenu», a déclaré le Cavaliere, appelant à «éliminer tout doute sur l'efficacité et sur la crédibilité» de l'assainissement budgétaire.

Face à l'urgence, le ministre de l'Economie et des Finances Giulio Tremonti a quitté Bruxelles en fin de matinée, avant même la fin d'une réunion avec ses homologues européens, afin de rentrer à Rome pour «boucler» le plan de rigueur.

Ce plan de 40 milliards d'euros, adopté par le gouvernement le 30 juin, doit permettre au pays d'atteindre un quasi-équilibre budgétaire en 2014, avec un déficit de 0,2% du PIB contre 4,6% en 2010, et de réduire mécaniquement son énorme dette de près de 1.900 milliards d'euros (environ 120% du PIB).

Il intervient après un premier plan de 25 milliards adopté l'an dernier. Les économies toucheront les fonctionnaires, les collectivités locales, la santé...

Certains analystes émettent toutefois des doutes sur la mise en oeuvre de ce plan, dont la quasi-totalité des mesures porte sur 2013 et 2014 alors que la législature actuelle doit s'achever au printemps 2013.

Répondant à l'appel à l'unité, majorité et opposition sont tombées d'accord mardi pour accélérer l'adoption du plan par le Parlement.

Le Sénat l'entérinera d'ici jeudi midi, soit avec une semaine d'avance par rapport au calendrier initial, afin que la Chambre des députés puisse donner son feu vert définitif au plus tard dimanche et peut-être même dès vendredi soir, selon des responsables de l'opposition.

L'opposition de gauche votera contre ce plan mais a accepté de présenter très peu d'amendements.

Elle ne perd toutefois pas le nord de la bataille politique. «Après, nous demandons que le gouvernement s'en aille. Les problèmes du pays sont liés à la faiblesse de ce gouvernement», a lancé Anna Finocchiaro, chef de file des sénateurs du Parti démocrate (gauche).

«Le gouvernement est stable et solide, la majorité unie et déterminée», a rétorqué M. Berlusconi, alors que ses prises de bec récentes avec M. Tremonti et l'affaiblissement de la majorité après deux défaites récentes dans les urnes ont largement attisé les craintes des investisseurs à l'égard de l'Italie.

Sur les marchés, les investisseurs ont été rassurés par la réussite d'une émission de 6,75 milliards d'euros d'obligations italiennes ainsi que par l'achat, selon des sources de marché, d'obligations italiennes et espagnoles par la BCE et l'annonce très probable d'un sommet de la zone euro en fin de semaine pour juguler la crise.

Conséquence, après un vendredi et un lundi «noirs» et une nouvelle matinée de panique mardi, la Bourse de Milan, qui avait chuté de plus de 4% en début de séance, a clôturé sur un rebond de 1,18% tandis que les taux italiens à 10 ans se détendaient à 5,6% vers midi après avoir frôlé les 6%.