La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a voulu, lors de sa première conférence de presse mercredi, garder le meilleur de l'héritage de son prédécesseur Dominique Strauss-Kahn, et marquer une rupture par rapport aux controverses.

À cette Française qui succède à un Français ayant marqué les esprits, les journalistes ont demandé ce qu'elle comptait changer ou pas.

En matière économique, elle dit incarner la continuité.

Mme Lagarde a estimé que les deux questions prioritaires pour l'économie mondiale étaient d'une part «la dette publique», «avec une attention particulière à la zone euro» et à la Grèce, et d'autre part la surchauffe des économies émergentes, avec «le risque d'inflation importée».

Elle s'est arrêtée sur des thèmes chers à l'ancien numéro un.

«Le chemin qui a été clairement ouvert par mon prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, pour prendre en compte des problématiques telles que l'emploi, les questions sociales, en tant que composantes périphériques du regard économique traditionnel sur la situation d'un pays, doit être poursuivi», a-t-elle affirmé.

«L'emploi est une question essentielle pour le Fonds», a-t-elle dit. «Le chômage est encore élevé dans de nombreux endroits et par conséquent il reste beaucoup à faire», a-t-elle rappelé.

Mme Lagarde a dit vouloir poursuivre la coopération lancée par M. Strauss-Kahn avec l'Organisation internationale du Travail à l'été 2010. Après les révolutions en Tunisie et en Égypte début 2011, le directeur général avait invité ses économistes à être particulièrement attentifs au sort des chômeurs.

Lors d'un entretien avec France 24, elle a révélé avoir eu une discussion au téléphone avec son prédécesseur «sur un certain nombre de dossiers en cours et sur un certain nombre de réformes dont il avait pris l'initiative».

Interrogée en conférence de presse sur la différence entre elle, ancienne ministre de l'Économie d'un gouvernement de droite, et M. Strauss-Kahn, socialiste, elle a refusé «les étiquettes».

«Personne ne devrait être marqué par une étiquette particulière», a-t-elle expliqué. «Je pense que l'on doit juger les gens sur ce qu'ils font».

Et parmi ce qu'elle compte faire, elle inclut une nouvelle manière d'exercer ses fonctions.

«Une différence qui me vient tout de suite à l'esprit, c'est le style de management, parce que je suis une personne différente. Et je suis probablement plus porté sur l'intégration, sur le travail d'équipe», a-t-elle expliqué.

«Avec la diversité vient le respect pour chacun (...) et je m'assurerai que chacun continue d'être respecté, quelles que soient ses différences. Cela concerne la substance des analyses, mais aussi les individus tels qu'ils sont», a-t-elle affirmé.

M. Strauss-Kahn avait eu une relation avec une subordonnée trois mois après son arrivée à Washington. Il avait écopé d'un blâme.

«Je suivrai très prochainement la formation (du FMI) sur l'éthique, et je pense que c'est une très bonne chose. J'avais institué la même chose dans mon cabinet d'avocats» (Baker & McKenzie, dont elle présida le comité exécutif mondial de 1999 à 2004), a rappelé Mme Lagarde.

La directrice générale a refusé de commenter l'évolution de l'affaire d'agression sexuelle dans laquelle est poursuivi M. Strauss-Kahn. «La présomption d'innocence est quelque chose de très prisé dans le monde entier. Je pense que ce serait à porter à l'honneur des médias s'ils la respectaient effectivement eux aussi», a-t-elle dit.