La Commission européenne a proposé mercredi une hausse potentiellement controversée de 5% du futur budget de l'UE, alors que de nombreux pays réclament un gel face à l'austérité généralisée, ainsi que la création d'une taxe sur les transactions financières.

Ces mesures augurent de discussions très difficiles avec les gouvernements européens, notamment avec la Grande-Bretagne de David Cameron.

Après d'ultimes arbitrages, Bruxelles entend présenter officiellement dans la soirée ses propositions pour fixer le cadre des prochaines «perspectives financières», le nom donné au budget pluriannuel des 27 courant sur sept ans, pour la période 2014-20.

Cela marque le coup d'envoi d'une rude bataille appelée à durer jusqu'à fin 2012 entre capitales, et avec le Parlement européen qui aura aussi son mot à dire.

Pour faire face aux nouveaux défis qu'elle a identifiés pour l'Europe, la Commission propose d'abord une augmentation de 5% de l'enveloppe maximale possible du budget, par rapport à la période en cours 2007-13, à 1.025 milliards d'euros, selon une source diplomatique.

Il s'agit d'un plafond de dépenses. En proportion de la richesse européenne, mesurée par le Produit intérieur brut, cela représenterait 1,05%, contre 1,07% aujourd'hui.

Problème: les trois principaux pays contributeurs du budget de l'Union européenne, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, ont exigé un gel par rapport à 2013, dernière année de l'exercice en cours.

Argument avancé: le contexte d'austérité budgétaire n'autorise pas d'augmentation.

Pour ce qui est du contenu, Bruxelles suggère de stabiliser les fonds réservés à l'agriculture, à environ 371 milliards d'euros pour les aides directes et les mesures de soutien du secteur, auxquels s'ajoutent une quinzaine de milliards d'euros de fonds supplémentaires divers, soit un peu plus de 385 milliards d'euros au total.

La France, qui est le principal bénéficiaire de la Politique agricole commune (PAC), a exigé un maintien du budget agricole inchangé «à l'euro près».

Mais c'est surtout du côté des moyens de financer le budget que les propositions les plus sensibles se situent.

Bruxelles propose d'engager une mini-révolution en créant de nouvelles ressources propres, à commencer par une taxe sur les transactions financières, communément appelée «taxe Tobin», a précisé une source proche du dossier. Elle pourrait rapporter jusqu'à 50 milliards d'euros par an.

L'idée d'une taxe sur les transactions financières, au niveau mondial, est promue depuis longtemps par l'Europe, sans succès auprès de ses principaux partenaires, ce qui l'oblige à se rabattre sur un projet d'ampleur plus limitée.

Mais même au sein de l'UE, le projet sera difficile à faire adopter. Le Royaume-Uni redoute d'assister à un exode des banques de la City de Londres vers l'Asie et les États-Unis.

«Le problème est que cela doit être mondial» pour fonctionner, observe un diplomate européen.

Il est aussi question dans le budget d'une nouvelle forme de ponction sur la TVA prélevée dans les États de l'UE.

Dans l'esprit de la Commission, l'utilisation de ces taxes permettrait d'inverser la tendance actuelle du budget, abondé à 76% par des contributions nationales des États.

L'idée serait que les nouvelles ressources propres, à l'horizon 2020, représentent la moitié du budget, les contributions nationales étant réduites d'autant en contrepartie, à un tiers.

Du point de vue de Bruxelles, cela permettrait d'alimenter le budget sans passer sous les fourches caudines des États.

Pour des raisons inverses, «cela pose un problème (aux gouvernements) car cela implique pour eux une perte de contrôle sur les ressources du budget», souligne un diplomate.