La ministre française Christine Lagarde a conforté son avance pour prendre la tête du Fonds monétaire international (FMI) en obtenant dimanche le soutien de l'Indonésie et de l'Égypte, malgré la candidature surprise de dernière heure de l'Israélien Stanley Fischer.

Après avoir reçu le soutien de l'Afrique subsaharienne, la Française a été adoubée dimanche par l'Indonésie, un pays émergent qui plus est, membre du G20.

«Personnellement je soutiens la France», a affirmé le ministre des Finances indonésien, Agus Martowardojo, en marge d'une conférence économique à Jakarta.

Une décision qu'il a motivée en affirmant que la Française est «une personne professionnelle, très compétente dans l'interaction entre les organisations, et (qui) a une forte intégrité et expertise».

Ce soutien arrive alors que Christine Lagarde a tenté ces derniers jours de rassurer les pays émergents, agacés par le partage tacite qui a permis aux Européens de diriger le FMI et aux Américains de présider la Banque mondiale sans discontinuer depuis 1946.

Outre l'Indonésie, Mme Lagarde a obtenu dimanche le soutien de l'Égypte, où elle était en déplacement dimanche pour faire valoir sa candidature.

Ce fut cette fois le ministre des Affaires étrangères, Nabil al-Arabi, qui a donné de la voix pour la soutenir. Avantage certain, l'Égypte compte un représentant parmi les 24 membres du Conseil d'administration du FMI.

«Nous avons eu d'excellents entretiens dont je suis très heureuse», a déclaré la ministre française de l'Économie.

De même, les Émirats arabes unis ont annoncé dimanche leur soutien à Mme Lagarde par la voix de leur ministre des Finances, Obeid Humaid al-Tayer, cité par l'agence officielle WAM. Ils soulignent «le rôle central» de la ministre française pendant les réunions du G20, notamment dans les discussions sur «le chômage et la hausse des prix».

La campagne de Christine Lagarde, avocate d'un «libéralisme tempéré», a démarré en fanfare le 25 mai, une semaine après la démission de son compatriote Dominique Strauss-Kahn. Immédiatement, elle a été adoubée par les Européens.

En tournée express autour du globe, elle a également enchaîné, de Brasilia à Pékin en passant par New Delhi, les rencontres, les poignées de main et les déclarations sans obtenir jusque-là le moindre soutien officiel.

Mais celui qui fut longtemps son unique concurrent, le Mexicain Agustin Carstens, n'a pas fait mieux.

La date limite des candidatures étant passée, Paris espère désormais que le soutien des grandes puissances, États-Unis, Japon, mais aussi Russie, Chine, Brésil et Inde, sera officialisé dans les prochains jours.

La donne a toutefois légèrement changé samedi soir avec l'annonce de la candidature de l'Israélien Stanley Fischer, qui présente l'avantage d'avoir été numéro deux du FMI de 1994 à 2001.

Il pourrait toutefois souffrir d'avoir conservé la nationalité américaine et apparaître comme un sous-marin des États-Unis.

Autre handicap: à 67 ans, il a dépassé la limite d'âge appliquée normalement aux dirigeants du FMI.

Le ministre israélien des Finances Youval Steinitz a d'ailleurs reconnu dimanche que les chances de M. Fischer n'étaient «pas énormes», en raison de son âge et surtout de la nature politique de cette élection.

Les candidatures à la succession de Dominique Strauss-Kahn ont été déposées jusqu'à vendredi minuit heure de Washington, mais le FMI n'entend pas faire de déclaration sur les noms des candidats avant lundi.

S'il y avait d'autres candidats que ceux déclarés, le conseil d'administration du FMI se donnerait même une semaine pour se mettre d'accord sur trois personnes, les mieux placées, qu'il veut entendre à Washington avec pour objectif la désignation d'un nouveau dirigeant le 30 juin.