Le Fonds monétaire international se dirige, sauf surprise, vers un duel entre le Mexicain Agustin Carstens et la Française Christine Lagarde pour prendre le poste de directeur général de l'institution.

La limite pour déposer sa candidature à la succession du Français Dominique Strauss-Kahn a été dépassée à vendredi minuit heure de Washington (04H00 GMT samedi). Le FMI a prévenu qu'il ne ferait aucune déclaration sur les noms des candidats avant lundi.

Entrés en lice très tôt, Mme Lagarde et M. Carstens se disputeront selon toute vraisemblance les voix des 24 membres du conseil d'administration du Fonds.

«Nous avons clairement deux candidats remarquables», estime Domenico Lombardi, professeur d'économie et ancien conseiller du FMI.

Mme Lagarde, ministre des Finances depuis quatre ans, peut faire valoir une expérience solide au sein du G20 et de la zone euro. Le soutien des sept administrateurs de l'Union européenne lui est acquis.

M. Carstens, qui cumule quatre ans et demi à la tête du ministère des Finances puis de la banque centrale du Mexique, «a plus d'expérience» au sein des institutions financières internationales, estime Fred Bergsten, directeur du Peterson Institute, un centre de recherches de Washington sur l'économie internationale.

Il avait accédé au poste de directeur général adjoint du FMI (soit son numéro trois) en 2003, époque où Mme Lagarde était encore avocate. Vendredi à New Delhi, il a défendu ses «qualifications», espérant que la désignation se ferait au «mérite».

«Si je devais être élu, je mobiliserais toutes les ressources pour aider l'Europe», a-t-il assuré, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt à paraître samedi.

Un troisième candidat déclaré, le président de la banque centrale du Kazakhstan Grigori Martchenko, a finalement renoncé. «J'ai décidé de ne pas y aller», a-t-il déclaré vendredi à la chaîne américaine CNN, estimant «plus ou moins évident que Christine Lagarde va être élue». Il n'avait pas fait campagne.

Des États membres parmi les plus importants, au premier rang desquels les États-Unis, le Japon et la Chine, se donnent encore du temps pour se prononcer. Le FMI s'est fixé pour objectif de désigner un nouveau dirigeant le 30 juin.

Le Fonds prévoit de publier le nom des candidats en début de semaine prochaine, s'il y a trois candidats ou moins, ce qui paraît très probable.

S'il y avait quatre candidats ou plus, le conseil d'administration se donnerait une semaine pour se mettre d'accord sur trois personnes, les mieux placées, qu'il veut entendre à Washington.

Pour Colin Bradford, économiste spécialiste du FMI, «ce serait une surprise qu'un candidat apparaisse à la dernière minute» et se lance dans une campagne avec trois semaines de retard sur M. Carstens et Mme Lagarde.

Les États-Unis et l'Europe se partagent, en vertu d'une convention non écrite, la direction du FMI et la présidence de la Banque mondiale depuis 1946.

La tradition pourrait durer encore un peu. L'Union européenne a poussé très fort en faveur de sa candidate et «dans ces circonstances, il est difficile de gagner contre Christine Lagarde», souligne M. Bradford.

Mais cette tradition est très critiquée.

«Il est temps à présent pour un non-Européen, particulièrement un Africain, d'être à la tête du FMI», a affirmé l'Union africaine dans un communiqué daté de mercredi.

Or vendredi, l'ancien ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel, qui a été le seul Africain cité comme candidat possible, a déclaré sur la radio publique SAfm qu'il ne postulerait pas. Et le ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Matata Mapon, a affirmé à Lisbonne que l'Afrique subsaharienne se rangerait derrière Mme Lagarde.

L'Asie orientale et du Sud, malgré son émergence spectaculaire dans l'économie mondiale, n'aura vraisemblablement pas de candidat.