Le ministre français de l'Economie, Christine Lagarde, en campagne pour le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI), s'est dite jeudi «très satisfaite» de ses entretiens en Chine, dans une interview à l'AFP avant son départ de Pékin.

«Je suis très satisfaite des entretiens que j'ai eus en Chine», a déclaré Mme Lagarde, se félicitant d'avoir rencontré «un niveau d'interlocuteurs de grande qualité».

«J'ai un sentiment très positif à la suite de ces entretiens mais l'expression de leur décision leur appartient», a-t-elle poursuivi.

Le ministre français est arrivé mercredi à Pékin, après avoir présenté en Inde sa candidature, dans le cadre d'une campagne marathon auprès des économies émergentes.

«Il serait très légitime que la direction du Fonds au plus haut niveau puisse inclure des représentants chinois», a estimé Mme Lagarde, au lendemain de ses rencontres avec le gouverneur de la banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan, le vice-Premier ministre Wang Qishan, le chef de la diplomatie chinoise Yang Jiechi et enfin le ministre des Finances Xie Xuren.

La Chine est le chef de file des pays émergents critiques de la mainmise des Européens sur le poste de directeur général du FMI depuis 1946, selon une règle non écrite.

«Mes interlocuteurs ont exprimé le souhait d'une meilleure représentation (de la Chine) dans les instances du Fonds en même temps que dans la gouvernance du Fonds», a commenté Mme Lagarde, selon qui les réformes engagées par son compatriote Dominique Strauss-Kahn, démissionnaire après avoir été accusé d'agression sexuelle à New York, doivent se poursuivre.

«On ne peut pas bien représenter les grands équilibres dans le monde si on a une sous-représentation de certaines économies», a dit Mme Lagarde.

«Cet ajustement auquel on assiste qui fait passer la représentation chinoise de 4,1% à 6,39% (des droits de vote, ndlr) se poursuivra dans le temps si l'économie chinoise continue à se développer comme elle le fait», a-t-elle souligné.

Mme Lagarde a ajouté ne pas avoir discuté de la répartition future des postes au sein de la direction du FMI, notamment de celui de numéro deux.

«Pour l'instant je m'occupe de la candidature du numéro un, donc ce serait  prématuré de faire des répartitions de jobs», a-t-elle plaisanté.

L'appréciation de la monnaie chinoise, largement sous-évaluée, est un «mouvement positif», a par ailleurs dit le ministre français de l'Economie. «Je pense qu'il doit y avoir une poursuite de ce mouvement d'appréciation», a-t-elle ajouté.

Le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, avait estimé mercredi à Pékin que les jeux étaient «ouverts» pour le poste de directeur général du FMI, après avoir écouté Christine Lagarde défendre sa candidature.

«Les jeux sont ouverts. Il y a un bon nombre de candidats», avait déclaré aux journalistes le ministre chinois des Affaires étrangères, s'exprimant en anglais.

Mme Lagarde, qui a notamment le soutien de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et de l'Italie, est considérée comme la grande favorite à la succession de son compatriote Dominique Strauss-Kahn, démissionnaire après avoir été accusé d'agression sexuelle contre une femme de chambre d'hôtel à New York.

Le ministère chinois des Affaires étrangères avait souligné que le choix du nouveau directeur général devait se faire «de manière ouverte, transparente et sur la base du mérite, (afin de) mieux représenter les marchés émergents et mieux refléter les changements dans la structure économique mondiale».

Mardi à New Delhi, où elle été reçue par le Premier ministre Manmohan Singh, Mme Lagarde a déclaré avoir obtenu l'assurance que les candidatures seraient examinées «sur la base des mérites du candidat. «Le fait que je suis française et européenne ne constitue pas un avantage ou un handicap», a-t-elle assuré.

La Française a deux rivaux déclarés, le directeur de la Banque centrale du Mexique, Agustin Carstens, et celui de la Banque centrale kazakhe, Grigori Martchenko.