La Grèce devrait recevoir cet été le cinquième versement partiel issu du plan de sauvetage international de 110 milliards d'euros (157 milliards $) arrêté en mai 2010: les inspecteurs de la «troïka» composée de l'Union Européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) ont salué vendredi les «progrès significatifs» accomplis par Athènes après avoir sondé ses finances publiques pendant près d'un mois.

Les autorités grecques pourraient même bénéficier d'une aide financière supplémentaire de la part de leurs partenaires de la zone euro pour faire face à la crise de la dette: «Je m'attends à ce que l'Eurogroupe s'entende pour qu'un financement supplémentaire soit fourni à la Grèce» à de «strictes» conditions, a déclaré vendredi Jean-Claude Juncker.

Le premier ministre luxembourgeois, par ailleurs chef de file des 17 ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, a également laissé entendre que le secteur privé pourrait être appelé à apporter sa contribution «sur la base du volontariat».

Les États membres de la zone euro ont entamé des discussions pour étudier l'idée de demander à des créanciers privés de donner plus de temps à la Grèce afin qu'elle rembourse ses obligations ou en achète de nouvelles.

Assurant qu'il n'y aurait «pas de sortie grecque de la zone euro», M. Juncker s'est exprimé au Luxembourg à l'issue d'un entretien avec son homologue grec Georges Papandréou dont le gouvernement envisage une nouvelle cure d'austérité, critiquée jusque dans son propre camp.

Un peu plus tôt dans la journée, les inspecteurs de la «troïka» avaient estimé dans un communiqué que la Grèce avait accompli des «progrès significatifs, en particulier dans le domaine de la consolidation fiscale», tout en mettant en avant la nécessité de nouvelles mesures d'austérité.

Leur étude des finances grecques et des réformes économiques mises en oeuvre par le gouvernement socialiste de M. Papandréou était prépondérante pour se prononcer sur le versement à Athènes de la cinquième tranche du prêt - équivalant à 12 milliards d'euros (17 milliards$) -décidé l'an passé. La Grèce a jusqu'à présent reçu 53 milliards d'euros (75,8 milliards$) issus du plan de sauvetage de 110 milliards d'euros. D'après la «troïka», les nouveaux fonds devraient vraisemblablement être disponibles début juillet à l'issue du feu vert du conseil d'administration du FMI et de l'Eurogroupe.

Précisant de son côté que l'inspection s'était achevée de «façon positive», le ministère grec des Finances a souligné dans un communiqué qu'avaient été évoqués le programme de privatisation visant à lever 50 milliards d'euros (environ 71,5 milliards$) d'ici la fin 2015 et les nouvelles mesures destinées à atteindre l'objectif de réduction du déficit et des réformes structurelles de l'économie grecque.

En mai, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou a annoncé un plan d'austérité pour 2011 représentant environ 6,4 milliards d'euros (environ 9,2 milliards$), afin de porter le déficit à 7,5% du produit intérieur brut, contre 10,5% en 2010.

Si le gouvernement a déjà levé le voile sur les mesures représentant 4,8 milliards d'euros (environ 6,7 milliards$), il doit détailler dans les prochains jours le reste du plan portant sur 1,6 milliard d'euros (environ 1,3 milliard$).

Selon le ministère des Finances, les textes détaillant les mesures doivent être finalisés «dans les jours à venir» puis devront être approuvés par le cabinet avant d'être soumis au Parlement, où les socialistes au pouvoir disposent de la majorité.

Plusieurs députés socialistes ne se sont cependant pas privés d'émettre de vives critiques, poussant le gouvernement à annuler cette semaine deux rendez-vous prévus avec ses parlementaires.

Seize d'entre eux ont signé une lettre appelant à un vaste débat sur les nouvelles réductions proposées avant leur ratification, l'un des signataires, Thomas Robopoulos, menaçant même vendredi sur la chaîne de télévision NET de ne pas voter les mesures si le texte était présenté au Parlement «sans discussions préalables».

Par ailleurs, la douloureuse cure d'austérité imposée par le gouvernement ne cesse d'être la cible de grèves et de manifestations.

La dernière action en date a visé vendredi matin le bâtiment abritant le ministère des Finances à Athènes: des manifestants s'en sont emparés et ont déployé sur la façade une immense banderole appelant à la grève générale, au moment où la Grèce bouclait ses négociations avec les inspecteurs de la «troïka».

Quelque 200 protestataires de l'organisation syndicale PAME soutenue par le parti communiste ont bloqué à l'aube l'entrée du ministère, empêchant les employés de pénétrer dans le bâtiment. Ils ont précisé que leur action durerait toute la journée.