Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, qui recevait jeudi le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle (ouest) a suggéré la création d'un ministère des Finances de la zone euro pour poursuivre le processus d'intégration économique.

«Il y aura bien évidemment un marché unique, une monnaie unique et une banque centrale unique», a déclaré M. Trichet évoquant l'avenir à long terme de la zone euro, avant de s'interroger: «Serait-ce une idée trop hardie que d'envisager, sur le plan économique, un ministère des Finances de l'Union?»

«Celui-ci ne gérerait pas nécessairement un important budget fédéral, mais exercerait directement des responsabilités dans au moins trois domaines», a déclaré M. Trichet selon le discours publié sur le site internet de la BCE.

À savoir dans le détail «la surveillance des politiques budgétaires et des politiques en matière de compétitivité (...); toutes les responsabilités assumées généralement par les gouvernements en ce qui concerne le secteur financier intégré de l'Union; et la représentation de la confédération de l'Union au sein des institutions financières internationales».

À plus court terme, M. Trichet estime que le Conseil européen, après avis de la Commission et de la BCE, devrait avoir son mot à dire sur les politiques suivies par les États dont les finances dérapent, car cela a des implications sur tous leurs partenaires.

«Les autorités européennes, à savoir le Conseil, sur la base d'une proposition de la Commission et en liaison avec la BCE, pourraient, et devraient, le cas échéant, prendre elles-mêmes les décisions qui s'appliquent au niveau de l'économie concernée», a-t-il dit.

«Je pourrais imaginer que les autorités européennes aient le droit d'opposer leur veto à certaines décisions de politique économique nationale». Cette compétence pourrait en particulier concerner les principaux postes de dépenses budgétaires et les facteurs déterminants pour la compétitivité du pays», a-t-il poursuivi.

Le prix a été décerné «à ce serviteur européen de l'État» pour avoir vivement contribué «en ces temps difficiles à la cohésion de l'union monétaire, à la stabilité de l'euro et au maintien de la compétitivité de l'Europe».

Il honore chaque année depuis 1950 des personnalités ayant contribué à faire avancer la cause européenne.

Parmi les lauréats précédents du Prix Charlemagne figurent Angela Merkel (2008), Bill Clinton (2000), Jacques Delors (1992) et François Mitterrand/Helmut Kohl (1988).

L'an dernier, c'est le premier ministre polonais Donald Tusk qui s'était vu décerner ce prix.