Les économies asiatiques, qui ont résisté mieux que le reste du monde à la crise de 2008-09, semblent ralentir, selon plusieurs indicateurs publiés ces derniers jours, alors que les gouvernements restent préoccupés par une inflation persistante.

L'activité manufacturière a reculé en mai en Inde, Chine, Corée du Sud et à Taïwan, selon les indice PMI des directeurs d'achat publiés récemment.

L'Australie a elle annoncé mercredi que son Produit intérieur brut (PIB) avait diminué de 1,2% au premier trimestre 2011, par rapport aux trois mois précédents.

Le gouvernement a attribué ce coup de frein aux catastrophes naturelles qui ont frappé le pays depuis décembre dernier. Reste qu'il s'agit de la plus forte contraction du PIB australien sur un trimestre depuis 20 ans, soit mars 1991, lorsque le pays était en pleine récession.

Les chiffres les plus attendus du jour venaient de Chine. Ils signalent que l'activité manufacturière a progressé plus lentement en mai qu'en avril, selon deux indices publiés séparément, par une organisation proche du gouvernement et la banque HSBC.

L'indice PMI des directeurs d'achat de la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP) est tombé le mois dernier à 52,0, contre 52,9 en avril. L'indice PMI calculé par la HSBC est à 51,6 pour mai, contre 51,8 en avril.

La banque relève «une poursuite de la modération de la croissance de la production manufacturière accompagnée d'un relâchement des pressions inflationnistes» le mois dernier.

Un PMI supérieur à 50 indique une expansion de l'activité manufacturière, un indice inférieur une contraction.

Ces signes de ralentissement sont une bonne nouvelle pour la Chine, qui cherche surtout, pour le moment, à réduire son taux d'inflation.

La hausse des prix à la consommation a été de 5,3% sur un an en avril, un peu moins que les 5,4% de mars, un plus haut depuis 32 mois, mais bien au-dessus de l'objectif officiel de 4% des autorités.

Une inflation élevée, surtout pour les produits de première nécessité, entame nettement le pouvoir d'achat des plus pauvres et peut provoquer des troubles sociaux.

Depuis l'automne, la banque centrale chinoise a relevé à plusieurs reprises les taux d'intérêt directeurs et les réserves obligatoires des banques pour endiguer l'inflation.

Certains analystes craignent que le ralentissement de la croissance de la deuxième économie mondiale soit trop prononcé.

Mais Qu Hongbin, chef économiste pour la Chine à HSBC, ne prévoit pas un atterrissage brutal. «C'est une modération plutôt qu'un effondrement de la croissance et il n'y a pas de quoi s'inquiéter d'un resserrement trop prononcé» de la politique monétaire chinoise, a-t-il déclaré.

En Inde, troisième économie asiatique, l'indice PMI des directeurs d'achat était à 57,5 en mai, contre 58 en avril, montrant un ralentissement de la croissance de l'activité manufacturière.

L'inflation reste là aussi soutenue - l'Inde affiche les taux les plus élevés d'Asie - :  8,66% en avril, en baisse par rapport au 9,04% de mars, mais bien supérieure au 5,5% voulu par le gouvernement.

La hausse des prix constitue l'un des principaux problèmes que doit gérer la coalition gouvernementale nationale du Premier ministre Manmohan Singh, menée par le parti du Congrès.

Pour endiguer le phénomène, la Banque centrale devrait encore relever ses taux d'intérêt lors de sa prochaine réunion de politique monétaire prévue le 16 juin, selon les économistes, ce qui serait la 10ème hausse en seize mois.

La Banque centrale a prévenu que la croissance à court terme pourrait devoir être sacrifiée dans la lutte contre l'inflation.

À Taïwan, l'indice PMI calculé par HSBC a chuté en mai, à 54,9 après 58,2 en avril, mais la croissance reste solide. En Corée du Sud en revanche, l'indice PMI était à 51,2, son niveau le plus bas depuis six mois.