Les Européens semblent se diriger vers un compromis visant à octroyer un nouvelle aide financière à la Grèce en échange d'un durcissement de la cure d'austérité et d'une mise à contribution des créanciers privés, qui pourraient s'engager à racheter de la dette grecque.

La perspective d'un accord a dopé les Bourses mardi, à la veille d'une réunion d'experts européens à Vienne consacrée notamment à ce dossier. La Bourse d'Athènes a clôturé sur une hausse exceptionnelle de 5,58%, tandis que les autres places européennes enregistraient des gains importants.

Les marchés ont été soulagés par un article du Wall Street Journal affirmant que l'Allemagne serait désormais prête à accepter une nouvelle aide à Athènes sans plus exiger des détenteurs privés de dette publique grecque qu'ils prolongent les délais de remboursement de leurs prêts.

Les tractations sont toutefois encore en cours.

«Je ne serais pas aussi affirmatif» sur la position de Berlin, a déclaré à l'AFP une source diplomatique européenne, laissant entendre que l'Allemagne n'avait pas tout à fait abandonné l'hypothèse d'un rééchelonnement de la dette grecque.

À Berlin, on assure que la position allemande en faveur d'une participation du secteur privé, éventuellement sous la forme d'un rééchelonnement, n'a pas varié.

Or, la Banque centrale européenne (BCE) est fermement opposée à toute restructuration ou rééchelonnement de la dette. Et la France assure vouloir éviter toute solution qui implique un «événement de crédit», c'est-à-dire un défaut partiel de la Grèce ou une restructuration même souple de la dette.

Ajoutant de la confusion à la confusion, le président français Nicolas Sarkozy s'est pour la première fois dit ouvert vendredi à une éventuelle participation des créanciers privés au sauvetage de la Grèce.

En fait, la solution de compromis pourrait prévoir un accord qui verrait les détenteurs privés de dette publique grecque s'engager à racheter de nouvelles obligations lorsque celles qu'ils détiennent arrivent à échéance.

Selon une source diplomatique européenne, ces investisseurs devraient conclure un «accord de roll-over» en ce sens.

«Nous travaillons à une formule pour que les créanciers privés maintiennent leur exposition à la dette grecque», a confirmé à l'AFP un responsable gouvernemental d'un grand pays européen.

Selon lui, cette solution devrait concerner «un périmètre d'investisseurs le plus large possible», et pas uniquement les banques, et faire l'objet d'un «dispositif de contrôle renforcé des engagements» pris par les créanciers privés.

Cette solution, censée éviter une restructuration de la dette grecque qui serait in fine beaucoup plus coûteuse pour les banques, est calquée sur l'Initiative de Vienne, adoptée en 2009: les banques privées avaient accepté d'agir de la sorte pour faire face à une crise de liquidité du secteur bancaire en Europe de l'Est.

Le responsable gouvernemental a évoqué une «Initiative de Vienne renforcée», qui, hasard du calendrier, devrait être évoquée mercredi dans la capitale autrichienne.

«Cela pourrait être ça, quelque chose qui vienne des banques, mais on ne peut rien imposer», a-t-on confirmé à Berlin, tout en assurant que les gouvernements n'avaient pas encore engagé de discussions avec les créanciers privés.

Pour que les banques acceptent de jouer le jeu, «on leur dira que si elles ne le font pas elles courent le risque de provoquer une restructuration dure de la dette grecque avec décote et donc pertes sèches pour elles au bout du compte», explique-t-on de source diplomatique.

L'objectif est d'arriver d'ici le sommet de l'Union européenne (UE) des 23 et 24 juin à un accord pour sauver la Grèce, incluant «un nouveau programme de prêts de longue durée».

Cette aide irait au-delà des prêts pour 110 milliards d'euros octroyés il y a un an, sur trois ans, par les Européens et le Fonds monétaire international (FMI) à Athènes. Le montant n'a pas encore été fixé, selon ces sources.

En contrepartie, un plan de redressement renforcé des finances publiques grecques doit être présenté, avec à la clé une accélération des privatisations et une lutte accrue contre la fraude fiscale.