L'Union européenne et le Japon ont accepté samedi le principe de négociations en vue de conclure un accord de libre-échange ardemment souhaité par les Japonais dont l'économie doit faire face aux conséquences du tsunami et de la catastrophe de Fukushima.

La décision, très attendue par Tokyo, a été annoncée à l'issue d'un sommet à Bruxelles entre les représentants de l'UE et le premier ministre japonais Naoto Kan.

«Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais l'objectif à présent est clair», a déclaré au cours d'une conférence de presse le président de l'UE, Herman Van Rompuy.

«En exprimant leur intention de travailler ensemble en vue d'un accord de libre-échange, les deux parties ont réalisé un grand pas en avant», a-t-il ajouté.

Il est prévu d'«engager le processus en vue de négocier un accord de libre-échange approfondi et complet ainsi qu'un accord de partenariat économique incluant toutes les questions d'intérêt mutuel», souligne une déclaration commune.

Parmi les domaines qui devront être abordés : les droits de douane, les obstacles non douaniers au commerce, les services, l'investissement, les droits de propriété intellectuelle, les conditions de concurrence et les marchés publics.

Les Européens, en particulier, attendent du Japon qu'il s'attaque à la question de ses barrières commerciales et autres mesures restreignant l'accès aux marchés publics imposées aux entreprises étrangères. Les patrons des sociétés européennes notamment critiquent ce dispositif.

Et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a prévenu que l'UE avait bien l'intention de voir ces dossiers figurer dans le champ des négociations, qui doit être d'abord défini au niveau des experts avant que les discussions sur le fond ne commencent.

L'accord de libre-échange «devra s'attaquer à tous les obstacles au libre-échange», a-t-il jugé.

La France a dit récemment attendre des «gestes politiques» de la part des autorités japonaises sur le sujet.

Paris veut «des signes tangibles sans lesquels nous aurons beaucoup de mal à imaginer ouvrir une négociation pour un accord de libre-échange que par ailleurs nous pensons nécessaire», a déclaré il y a dix jours à Bruxelles le secrétaire d'Etat français chargé du commerce extérieur, Pierre Lellouche.

«Nous soutenons le principe d'un accord de libre-échange entre l'UE et le Japon», a-t-il affirmé.

Mais au préalable, Tokyo doit «procéder à un certain nombre de révisions déchirantes sur sa propre façon de travailler en matière d'accès à son marché», avait-il souligné, citant «les marchés publics notamment qui nous sont fermés», ainsi que des mesures non douanières, dans les domaines de l'agriculture, de l'automobile, ou de l'aéronautique.

Dans l'immédiat, Tokyo a demandé samedi à l'UE d'alléger ses restrictions sur les importations de produits alimentaires japonais décidées après la catastrophe de Fukushima de crainte des radiations.

«Nous avons demandé un assouplissement des mesures» européennes et souhaité qu'elles reposent «sur des preuves et des faits scientifiques», a indiqué M. Kan.

L'Union européenne n'a pas annoncé d'assouplissement immédiat, mais indiqué qu'elle fonderait ses décisions à venir sur les éléments scientifiques. Ce que des diplomates japonais ont revendiqué comme étant une victoire.