À l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté mardi une initiative visant à mesurer le bien-être des habitants des pays riches en vue d'améliorer leurs conditions de vie.

Le monde n'est pas encore sorti du tunnel de la crise, a déclaré son secrétaire général Angel Gurria à l'ouverture du forum annuel de l'OCDE, intitulé «des politiques meilleures pour une vie meilleure», promettant des solutions pour «améliorer la vie de millions de personnes».

Selon lui, le cinquantenaire du club des pays les plus riches, qui sera solennellement célébré mercredi en présence du président français Nicolas Sarkozy et de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, «est un instrument unique pour imaginer, rêver et construire un avenir meilleur».

Pour mieux appréhender les conditions de vie des habitants de ses pays membres, l'organisation a lancé un indice baptisé «vivre mieux», première traduction concrète du rapport Stiglitz.

En 2009, une commission présidée par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz avait soumis à Nicolas Sarkozy des pistes pour améliorer la mesure de la croissance économique et corriger les carences de l'indicateur de référence, le produit intérieur brut (PIB), depuis longtemps critiqué.

Elle avait prôné la mise en place d'une série d'indicateurs afin de mettre davantage l'accent dans les statistiques économiques sur la mesure du «bien-être».

«Ce n'est pas facile car toutes les mesures statistiques sont jusqu'ici liées au travail et aux revenus du travail», a reconnu le président slovène Danilo Türk.

L'OCDE a voulu «s'intéresser plus précisément aux gens en mesurant ce qui compte pour eux», a expliqué Martine Durand, directrice des statistiques de l'organisation. Il ne s'agit pas par exemple de calculer les dépenses de santé effectuées par un gouvernement, mais d'évaluer l'efficacité d'un système de soin dans tel ou tel pays, a-t-elle souligné.

L'indice de l'OCDE permet aux citoyens des 34 États membres de comparer leur bien-être sur la base de 11 dimensions: logement, revenu, travail, communauté, éducation, environnement, gouvernance, santé, bien-être subjectif, sécurité, et conciliation travail et vie privée.

Afin de préserver les susceptibilités, l'OCDE ne livre pas son propre classement définitif. Chaque utilisateur peut en revanche accorder aux différentes dimensions un poids variable en fonction de ce qu'il juge le plus important pour son bien être et découvrir quels pays arrivent alors en tête ou en queue de peloton.

Dans un grand nombre de domaines, l'Australie et le Canada se retrouvent très bien classés. À l'inverse, la Turquie obtient en moyenne un moins bon score.

Cet indicateur va être une opportunité pour les citoyens d'exprimer aux gouvernements leurs principales préoccupations, fait valoir l'OCDE.

«Cela permettra de comprendre quelles sont les priorités des gens par sexe, âge et par pays», a souligné Anthony Gooch, directeur de la communication de l'organisation.

En France, c'est le fait d'avoir un emploi et le fait d'être en bonne santé qui est par exemple jugé le plus important.

L'objectif est de «connaître mieux ce que les citoyens désirent, et ce que les gouvernements peuvent leur offrir», a expliqué Angel Gurria.

L'OCDE espère bientôt ouvrir l'indicateur, qui doit être affiné dans les mois à venir, à d'autres pays, en premier lieu des émergents comme le Brésil.