L'agence de notation Fitch Ratings a annoncé vendredi avoir abaissé de trois crans la note de la dette à long terme de la Grèce, une sanction qu'Athènes a rejetée comme ne prenant pas en compte ses engagements à intensifier les efforts de redressement économique du pays.

Cette dégradation, précédée en janvier d'une baisse d'un cran de la note grecque, à «B+» contre «BB+», reflète «l'étendue du défi» qui attend le pays pour mettre en oeuvre le programme de réformes fiscales et structurelles nécessaire pour réduire sa dette et son déficit, explique Fitch dans un communiqué.

«De nouvelles mesures d'austérité sont nécessaires pour remplir l'objectif d'un déficit atteignant les 7,5% du PIB en 2011», notamment en raison des rentrées fiscales moindre que prévu, souligne-t-elle.

Cette décision «ne prend pas en compte les engagements supplémentaires que le gouvernement grec a déjà pris pour atteindre son objectif budgétaire en 2011 et accélérer son programme de privatisations», a réagi le ministère grec des Finances dans un communiqué.

Le ministère rappelle que ces nouvelles mesures, dont les grandes lignes ont été dévoilées mi-avril mais que la Grèce a du renforcer et préciser sous pression de ses créanciers UE et FMI, doivent être prochainement annoncées, en principe en début de semaine prochaine.

L'agence de notation précise que sa nouvelle note intègre ses prévisions d'une nouvelle aide «substantielle» de l'Union européenne et du Fonds monétaire international au pays.

Ce complément au prêt de 110 milliards d'euros consenti en mai 2011, est actuellement en discussion, au vu de la probable incapacité pour le pays de retourner se financer sur les marchés comme prévu en 2012.

Fitch estime qu'une telle rallonge écarterait la perspective d'une «restructuration douce ou d'un reprofilage» de la dette grecque, prévenant qu'elle traiterait une telle évolution comme une cessation de paiement.

La nouvelle dégradation de Fitch fait entrer la Grèce dans la catégorie spéculative des «pays ne présentant qu'une faible sécurité de remboursement», selon la classification établie par l'agence.

La note de dette à court terme a été maintenue à «B». La perspective de ces deux notes est «négative», ce qui implique que l'agence n'exclut pas de les abaisser encore à moyen terme.

L'agence a annoncé cette dégradation alors que les taux longs grecs battaient un nouveau record vendredi, passant au-dessus de 16,5%, après la rupture du tabou prévalant jusque là en Europe sur la perspective d'une restructuration de la dette hellénique.

Si l'option d'une décote est exclue, celle d'un rééchelonnement est désormais posée, y compris par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, en dépit de la ferme opposition de la Banque centrale européenne (BCE).

L'unanimité est par contre de règle parmi les créanciers de la Grèce pour exiger d'elle plus de mesures d'austérité, et une accélération et une intensification d'un programme de privatisations censé dégonfler la dette en rapportant 50 milliards au pays d'ici 2015.

Avant même la sanction de l'agence, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, avait mis en avant sa détermination à suivre ces injonctions: «l'heure est venue d'aller plus vite, tout doit être fait et tout doit être fait maintenant», a-t-il lancé devant le parlement vendredi.

Fitch Ratings avait été la dernière agence de notation à faire basculer, en janvier la Grèce dans la catégorie des émetteurs de dette «pourrie» («junk bonds»), jugeant qu'en dépit des «progrès importants» du pays pour réduire son déficit public, il restait confronté à «des efforts conséquents» pour regagner la confiance des emprunteurs.