Le processus de sélection du directeur général du Fonds monétaire international est voulu «ouvert» et «transparent» par l'institution, mais a toujours été en pratique une affaire diplomatique où les Européens ont su imposer leur candidat.

La procédure formelle est très simple.

«Le conseil d'administration choisit un directeur général qui n'est ni un gouverneur ni un administrateur du Fonds», indiquent les statuts de l'institution (article XII, section 4).

Quand le poste est à pourvoir, le FMI donne un calendrier pour déposer des candidatures individuelles. Puis son conseil d'administration, composé des représentants de 24 pays ou groupes de pays, entend chacun des candidats lors d'une sorte de «grand oral», et élit l'un d'entre eux.

«Bien que le conseil d'administration puisse choisir un directeur général par un vote à la majorité, son objectif est de sélectionner ce directeur général par consensus», a indiqué l'institution jeudi.

Le processus a été lancé jeudi, avec le doyen, l'Égyptien Abdel Shaakour Shaalane, qui a commencé à sonder ses collègues du conseil d'administration sur le déroulement de la procédure.

Depuis 1946, un accord non écrit donne aux États-Unis la présidence de la Banque mondiale, institution internationale d'aide au développement, et aux Européens la direction du FMI, institution chargée de prêter des fonds aux États membres en difficulté.

Les titulaires du poste ont été des ressortissants de seulement six pays (la France quatre fois, la Suède et les Pays-Bas deux fois chacun, l'Allemagne, la Belgique et l'Espagne une fois chacune).

Cet arrangement est souvent dénoncé, en dehors d'Europe, comme appartenant à un monde révolu, celui de l'après-guerre et des Trente Glorieuses.

Après la démission en 2007 de l'Espagnol Rodrigo Rato, le FMI avait fait part de sa volonté d'obtenir la plus grande diversité possible de candidats, «sans préférence géographique».

Il en était sorti deux Européens: le Français Dominique Strauss-Kahn, soutenu par l'Union européenne, et le Tchèque Josef Tosovsky, soutenu par la Russie, mais non son propre pays.

En 2000, l'accord américano-européen avait été remis en question. L'Allemagne avait présenté un premier candidat, Caio Koch-Weser, qui avait été jugé incompétent par les États-Unis. Le Japon avait tenté d'imposer Eisuke Sakakibara, tandis que l'Afrique soutenait l'Israélo-Américain Stanley Fischer. Mais les Européens avaient fait adouber par Washington un autre candidat allemand, Horst Köhler, facilement élu.

Après sa démission en 2004, l'élection de Rodrigo Rato s'était faite à l'unanimité, face à un candidat seulement soutenu par l'Égypte, le Franco-Américano-Egyptien Mohamed El-Erian.

L'Union européenne, qui détient actuellement 7 des 24 voix au conseil d'administration, est donc rompue au processus. Elle se met d'accord sur un candidat commun avant de le présenter à la Maison Blanche. Puis ce candidat fait campagne dans le reste du monde.

Face à cette machine rodée, les autres pays, en particulier asiatiques, devront réussir à rassembler des alliés rapidement pour les éventuels candidats qu'ils soutiendraient.