La Commission européenne a affirmé lundi que l'inculpation du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn n'aurait «pas d'impact» sur les programmes d'aide en faveur des pays de la zone euro, notamment la Grèce, et jugé prématuré d'engager un débat sur sa succession.

«Nous sommes tout à fait confiants (dans le fait) qu'il y aura une continuité dans les opérations et dans le processus décisionnel du Fonds monétaire international», a déclaré le porte-parole de la Commission pour les questions économiques, Amadeu Altafaj.

«Ceci ne devrait pas avoir d'impact quelconque pour les programmes pour la Grèce, l'Irlande» ainsi que pour celui qui vient d'être négocié en faveur du Portugal, a-t-il ajouté devant la presse à propos de l'inculpation du patron du FMI pour agression sexuelle et tentative de viol à New York.

«Il est hors de question que les décisions en cours (dans la zone euro) puissent être altérées et que ceci ait un impact sur les décisions appliquées en ce moment», a assuré le porte-parole, en réfutant les scénarios «alarmistes» sur l'arrêt des financements du FMI.

Le FMI finance à hauteur d'un tiers les programmes de prêts aux pays de la zone euro en grande difficulté. Et Dominique Strauss-Kahn s'est beaucoup investi depuis un an et demi pour les mettre au point.

Il a utilisé ses contacts privilégiés avec les principaux dirigeants européens et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet pour aider à résoudre la crise de la dette en zone euro et stabiliser la monnaie unique.

Avec sa mise à l'écart forcée, la Grèce en particulier perd un allié de poids à un moment crucial face à Berlin et aux pays réticents à débloquer des fonds supplémentaires. Dominique Strauss-Kahn passait aussi pour plaider en faveur d'une certaine modération dans les mesures d'austérité exigées d'Athènes en échange des prêts, afin de ne pas asphyxier l'économie nationale.

Le gouvernement irlandais a aussi assuré qu'une réunion prévue ce lundi à Bruxelles des ministres des Finances de la zone euro consacrée au Portugal et à la Grèce, et à laquelle «DSK» devait participer, ne serait pas perturbée.

«Je ne pense pas qu'il y ait le moindre impact», a dit la ministre irlandaise des Affaires européennes, Lucinda Creighton, à la radio publique RTE.

«Nous traitons avec une institution, pas avec une personne en particulier», a-t-elle ajouté, tout en reconnaissant que «Dominique Strauss-Kahn est quelqu'un qui clairement a joué un rôle significatif dans les événements des derniers mois sur le sauvetage irlandais et le reste».

Les déboires judiciaires du patron français du FMI posent aussi plus tôt que prévu la question de sa succession à la tête de l'institution de Washington, sujet qui pourrait au moins en coulisse occuper les grands argentiers de la zone euro lundi.

Pour l'heure «la question ne se pose pas pour nous», car il n'y a «pas de changement» au FMI, a indiqué la porte-parole de la Commission Pia Ahrenkilde Hansen.

De manière temporaire, le premier directeur général adjoint du FMI, l'Américain John Lipsky, a remplacé Dominique Strauss-Kahn.

En principe, ce poste revient par tradition à un Européen. Dans la presse les noms de l'Allemand Peer Steinbrück, de la Français Christine Lagarde ou de l'Italien Mario Draghi ont été évoqués. Mais la pression est forte pour le confier cette fois à un représentant d'un grand pays émergent.