La Banque centrale européenne (BCE) a décidé sans surprise jeudi de maintenir son taux directeur à 1,25%, niveau auquel elle l'avait porté le mois dernier, tout en faisant retomber les attentes d'une nouvelle hausse dès juin.

Son président Jean-Claude Trichet a déclaré que la BCE allait continuer à «contrôler très étroitement» le niveau de l'inflation en zone euro mais a évité d'employer le terme de «vigilance», qui selon les économistes aurait rimé avec une hausse dès le mois prochain.

«La BCE a laissé son taux inchangé et envoyé un seul message: une hausse de taux en juin est fortement improbable. Au-delà, tout est possible», souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.

M. Trichet a en effet répété que la BCE ferait «toujours ce qu'il faut pour garantir la stabilité des prix», alors qu'en avril l'inflation, à 2,8%, a dépassé pour la cinquième fois consécutive son objectif de moyen terme, qui est un niveau un peu inférieur à 2%.

«Il est important que cette inflation ne donne pas naissance à des effets de second tour», soit une répercussion sur les salaires laissant craindre une spirale inflationniste, a-t-il répété lors de la conférence de presse à l'issue de la réunion mensuelle sur les taux du conseil des gouverneurs de la BCE, délocalisée dans la capitale finlandaise Helsinki.

Les déclarations de M. Trichet «vont dans le sens d'une nouvelle hausse de 25 points de base en juillet», selon Holger Schmieding, de la banque Berenberg.

Au total, les économistes parient sur deux ou trois autres hausses en 2011, ce qui porterait le taux directeur à 1,75 ou 2% en fin d'année.

Pour M. Schmieding, les niveaux atteints par l'euro pourraient être l'un des facteurs expliquant la décision probable de la BCE d'attendre après juin.

La monnaie unique européenne a d'ailleurs réagi aux propos de M. Trichet en repartant en nette baisse face au dollar, retombant même sous le seuil de 1,47 dollar alors qu'elle évoluait autour de 1,4830 dollar avant le début de son intervention.

La situation peu reluisante de certaines économies de la zone euro peut aussi expliquer que la BCE temporise, selon Howard Archer, d'IHS, même si M. Trichet s'en est défendu.

«Ce qui compte c'est l'ensemble de la zone euro», soit 17 pays, a-t-il fait valoir.

Face aux spéculations sur une restructuration de la dette grecque, anticipée par les marchés, M. Trichet a répété la position défendue à maintes reprises par l'institution monétaire de Francfort, à savoir qu'elle n'était pas envisageable.

La Grèce a adopté un plan de restriction budgétaire, «l'important est de le remplir, point», a-t-il insisté jugeant que c'était là la seule manière pour Athènes de retrouver «sa crédibilité» sur les marchés.

M. Trichet a toutefois réclamé de la rigueur budgétaire de la part de tous les pays de la zone euro, pas uniquement de ceux actuellement en difficulté.

Interrogé sur son programme de rachat d'obligations publiques sur le marché secondaire, lancé au printemps dernier, M. Trichet a répondu, comme en avril, qu'il n'avait rien à en dire. Avant d'ajouter: «Observez ce que nous faisons».

Or depuis cinq semaines, la BCE n'a racheté aucune obligation, laissant penser aux économistes de Citi qu'elle va abandonner bientôt ce programme auquel l'ancien président de la Banque centrale allemande, Axel Weber, s'était toujours opposé, s'attirant les foudres de certains de ses collègues et de plusieurs pays.

Jeudi, c'est Jens Weidmann, son successeur depuis le 1er mai, qui représentait l'Allemagne.