L'Afrique doit trouver une nouvelle place dans l'économie mondiale, a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma en ouvrant le Forum économique mondial consacré au continent, mercredi au Cap.

«Cette fois, dans le monde émergent, nous avons été ceux qui ont arrêté» la récession. «La manière dont le Nord et le Sud sont aujourd'hui en relation est totalement différente», a estimé M. Zuma à l'ouverture du Forum.

«Nous ne devons plus être le continent qui produit des matières premières et les envoie au loin», a poursuivi le président sud-africain, qui estime que les pays en développement doivent jouer un plus grand rôle dans les décisions des institutions internationales.

Des experts avaient auparavant exhorté l'Afrique à accélérer ses liens avec les marchés mondiaux et à améliorer sa compétitivité, si elle veut garder à l'avenir les enviables taux de croissance attendus cette année.

Les économies africaines ont bien résisté à la tempête économique mondiale de 2008 et ont remarquablement rebondi depuis, une performance qui a paradoxalement mis en lumière la faible présence du continent sur les marchés financiers mondiaux, a remarqué Jennifer Blake, qui dirige le centre de compétitivité du Forum économique mondial.

«Bien que ça les ait en quelque sorte protégées (de la crise) sur le court terme, ce sera un obstacle pour le développement économique dans le futur», a-t-elle lancé en présentant un rapport sur la compétitivité du continent.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit pour l'Afrique sub-saharienne une croissance d'environ 5,5% cette année, une des plus fortes dans le monde, mais prévient que la région pourrait souffrir si l'économie mondiale vacille à nouveau.

La compétitivité «fera la différence, qui permettra de voir si la croissance de l'Afrique est durable ou pas», a déclaré l'économiste en chef pour l'Afrique de la Banque mondiale, Shantayanan Devarajan.

Selon une enquête sur l'attractivité du continent publiée mardi par le cabinet d'analyse Ernst & Young, les investisseurs étrangers, en particulier ceux des pays émergents, voient pour l'Afrique «d'énormes opportunités de croissance» à long terme».

Alors que «l'Afrique est restée une destination d'investissement attrayante tout au long de la récession mondiale», «une forte croissance des nouveaux projets» sur le continent est «annoncée à partir de l'année prochaine», si bien que les «flux d'investissement directs devraient atteindre 150 milliards $ d'ici 2015», prédit le cabinet.

Le continent africain attire de plus en plus d'investissements directs en provenance d'autres pays émergents.

Cela dit, Ajen Sita, associé directeur pour l'Afrique chez Ernst & Young, estime que cette augmentation des investissements «ne reflète pas assez l'amélioration de l'attractivité d'une région qui possède l'un des taux de croissance économique les plus rapides et l'un retours sur investissement les plus élevés dans le monde».

Le 21e Forum économique mondial sur l'Afrique, qui réunit quelque 900 délégués jusqu'à vendredi, a pour ambition de discuter de la façon dont l'Afrique subsaharienne peut maintenir une croissance élevée et accroître son potentiel économique.