Un an après avoir été contrainte d'appeler ses partenaires à l'aide et une cure d'austérité-choc, l'économie de la Grèce se trouve dans un état critique, combinant récession aigüe et gonflement de la dette qui la maintiennent sous la pression des marchés.

Le pays vient d'être contraint d'enclencher un nouveau tour de vis budgétaire et a annoncé vendredi les premiers détails d'un plan de privatisation massif destiné à se désendetter, dans l'espoir d'éviter la restructuration de dette que lui promettent les marchés et même certains pays partenaires comme l'Allemagne.

Ce plan de «sortie de crise» s'ajoute aux économies réalisées en 2010, obtenues par des coupes salariales chez les fonctionnaires, une réforme des retraites, une hausse des taxes et une refonte des collectivités locales.

Comme certains économistes l'avaient prévu, ces mesures d'austérité d'une rare ampleur, demandées par les créanciers, Union européenne et FMI, ont éteint la consommation, provoqué une inflation record (4,5% en mars) et au final, accentué la récession qui avait démarré en 2009. Le PIB de la Grèce a chuté de 4,5% l'an dernier.

Même si la Grèce et ses créanciers assurent que 2011 sera la troisième et dernière année de récession, les taux sur les obligations grecques à 10 ans restent à des niveaux record (13%).

«La situation reste encore critique, les difficultés sont devant nous (...), mais la Grèce peut peut-être revenir sur les marchés vers la fin 2012», a estimé Anguélos Tsakanikas, chercheur à l'Institut pour la recherche économique et industrielle (IOBE), proche du patronat grec.

Selon lui, «les coupes salariales de l'année dernière étaient des interventions horizontales, mais les mesures actuelles (de rigueur) se veulent chirurgicales, ce qui est plus dur, visant à fusionner des organismes publics déficitaires, privatiser, et libéraliser encore plus les marchés et les services pour favoriser la concurrence».

Depuis le printemps 2010, la Grèce a réduit son déficit d'au moins cinq points (15,4% du PIB en 2009), «un progrès très important si on tient compte de la récession», souligne Georges Pagoulatos, professeur d'économie à l'Université d'Athènes.

Toutefois, «malgré cet effet positif, le fardeau de la dette», qui devrait grimper à 152% du PIB en 2011 et à 157% en 2012 --la plus élevée dans la zone euro, selon le FMI--, «empêche la Grèce de convaincre les marchés qui restent très hostiles», souligne cet universitaire.

La dette colossale de quelque 330 milliards d'euros continue de nourrir les arguments des agences de notation (Standard & Poor's, Moody's Investors Service) sur l'insolvabilité du pays.

Elle a provoqué, en mars, à la veille du sommet de l'UE, un nouvel abaissement de la note souveraine grecque tombée dans la catégorie des pays à risque de défaut de paiement.

Et le pays a obtenu de ses créanciers un répit, avec un allongement de la période de remboursement du prêt UE-FMI de 110 milliards d'euros et un abaissement du taux d'intérêt.

Ce qui devrait lui permettre de lisser le montant des lourdes échéances prévues en 2014 et 2015, espère le gouvernement.

Mais cela n'empêche pas les marchés de continuer de parier sur une restructuration de la dette totale du pays, comportant un non-remboursement d'une partie du capital, scénario catastrophe qui aurait des répercussions sur toute l'Europe. Tous les jours, le gouvernement et ses créanciers, UE et FMI, s'emploient à le démentir.

Jeudi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a laissé entendre qu'il attendait «juin» pour juger en détail le plan de la Grèce et ainsi jauger de la solvabilité du pays et du caractère ou non inévitable d'une restructuration.