Les quelque 230 000 électeurs islandais ont commencé à voter samedi matin par référendum sur l'accord Icesave, la banque en ligne dont la faillite en 2008 a spolié des centaines de milliers d'épargnants britanniques et néerlandais.

Selon les derniers sondages, le «non» à cet accord portant sur un remboursement de 3,9 milliards d'euros, l'emporterait de justesse.

Déjà en mars 2010, lors d'un premier référendum, une mouture moins favorable pour l'Islande avait été massivement rejetée par 93% des votants.

Les bureaux de vote fermeront à 22H00 GMT et les résultats devraient être connus dimanche matin.

Laborieusement négocié par Reykjavik avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, cet accord structure le remboursement convenu avec ces deux pays qui ont dû indemniser quelque 340 000 victimes.

La Banque Icesave avait fait faillite lors de la crise qui a ruiné l'Islande à l'automne 2008.

Les sondages, qui ces dernières semaines donnaient le «oui» vainqueur, placent désormais le «non» de nouveau en tête avec 54,8% selon une enquête publiée jeudi par le quotidien Frettabladid et avec 52% pour celle réalisée par l'institut Capacent-Gallup. Des chiffres cependant à nuancer en raison d'une importante marge d'incertitude.

Pour la chef du gouvernement de coalition de centre-gauche Johanna Sigurdardottir, le «oui» à l'accord est capital. «Plus (l'affaire) Icesave restera sans solution, plus ses conséquences seront graves pour la nation islandaise», a-t-elle prévenu jeudi dernier.

Les deux camps se sont mobilisés par sites web interposés.

Pour les partisans du «non», sur leur site www.advice.is, cet accord «constitue une charge incroyable» pour les Islandais. Ils soulignent qu'«il n'y a jamais eu d'obligation légale pour les citoyens islandais d'assumer les pertes d'une banque privée».

Le camp adverse, www.afram.is, a pour slogan «le "oui" c'est aller de l'avant». Il est soutenu par le gouvernement et par le principal parti d'opposition conservatrice. Pour eux, l'accord limite les coûts et les risques pour l'Islande.

L'avocat américain Lee Buchheit, qui a conduit les négociations pour l'Islande avec Londres et La Haye, estime que «c'est le meilleur accord jamais négocié compte tenu du moment et des circonstances».

Si le «non» l'emporte c'est l'Aele (Association européenne de libre-échange)  qui sera saisie du conflit et cela prendra un an ou deux avant de savoir comment l'affaire se terminera, a noté M. Buchheilt.

Outre les tensions diplomatiques générées par les négociations entre Reykjavik, Londres et La Haye, cette affaire Icesave a profondément divisé le pouvoir islandais, le chef de l'État s'opposant au Parlement et au gouvernement.

Le président Olafur Ragnar Grimsson, s'appuyant sur des pétitions de dizaines de milliers de signataires contre l'accord, a refusé à deux reprises de promulguer la loi Icesave. Les deux fois elle avait pourtant été adoptée par les députés, mais il a préféré la consultation directe par référendum.

Le nouvel accord permet à l'Islande d'étaler ses paiements jusqu'en 2046 à un taux de 3% pour le 1,3 milliard d'euros dû à La Haye et de 3,3% pour les 2,6 milliards dus à Londres.

À l'échelle des habitants de cette île de l'Atlantique Nord, l'accord représente près de 12 200 euros par tête, hors intérêts.