Les taux portugais et irlandais à 10 ans ont établi de nouveaux records jeudi, alors que le déficit du Portugal s'est nettement creusé et que 24 milliards d'euros supplémentaires seront nécessaires pour renflouer les banques en Irlande.

Vers midi, les taux portugais à 10 ans s'envolaient à 8,304% contre 8,000% en clôture mercredi. Ils avaient alors dépassé le seuil des 8% pour la première fois depuis l'entrée du pays dans la zone euro.

Les taux à 5 ans évoluaient au-dessus de 9%, à 9,449% contre 8,897% la veille et les taux à 2 ans bondissaient à 8,581% contre 7,859%, des niveaux inédits.

Le déficit public du Portugal s'est établi en 2010 à 8,6% du PIB, nettement au-dessus de l'objectif de 7,3% que Lisbonne s'était engagé à tenir auprès des instances européennes.

Par ailleurs, le gouvernement démissionnaire de José Socrates a estimé ne pas avoir de «légitimité» pour négocier une aide extérieure, alors que le pays est sous la pression croissante des marchés financiers.

Le quotidien de référence Publico a d'ailleurs comparé cette pression à celle subie par la Grèce et l'Irlande lorsqu'ils ont été contraints l'an passé d'appeler au secours leurs partenaires européens et le FMI.

«La situation est très tendue pour le pays», a commenté Patrick Jacq stratégiste obligataire chez BNP Paribas. «Si le Portugal n'a pas rapidement accès au marché, il devra impérativement avoir recours à très court terme à l'aide financière internationale», a-t-il souligné.

Le Portugal doit rembourser 9 milliards d'euros d'ici mi-juin. Vendredi, il tentera d'émettre 1,5 milliard d'euros en obligations du Trésor à un an.

«Avec la pression des marchés et les divergences politiques, il faut une réponse rapide à la crise politique. Le président portugais va rencontrer le Conseil d'État et pourrait décider de dissoudre le parlement et d'appeler à de nouvelles élections», a estimé Paolo Pizzoli, analyste chez ING.

Les taux irlandais à 10 ans ont pour leur part franchi jeudi la barrière historique des 10% (10,015% contre 9,913% la veille), alors que le renflouement des banques de l'île va nécessiter 24 milliards d'euros supplémentaires, selon la Banque centrale du pays.

Cette nouvelle rallonge porte à 70 milliards la facture du sauvetage d'un secteur ayant plongé le pays au bord de la faillite.

Elle reste néanmoins inférieure à l'enveloppe de 35 milliards d'euros prévue pour les banques irlandaises dans le cadre du plan d'aide international conclu à l'automne dernier avec l'Union européenne et le FMI.

Du côté des pays solides au sein de la zone euro, le Bund allemand à 10 ans se tendait légèrement à 3,352% contre 3,338% mercredi en clôture et l'OAT française à 10 ans à 3,708% contre 3,677% la veille.

Hors zone euro, le Gilt britannique montait à 3,687% contre 3,667%.

Outre-Atlantique, le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 3,427% contre 3,435% mercredi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,493% contre 4,502% la veille. Les taux des échéances courtes baissaient à 0,08% contre 0,09%.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, est monté à 1,239% contre 1,231% mercredi alors que le Libor à trois mois libellé en dollars est retombé à 0,303% contre 0,304%.