L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a prévenu lundi qu'elle pourrait à nouveau dégrader la note du Portugal d'un cran cette semaine, après l'avoir abaissée de deux niveaux jeudi dernier à la suite de la démission du premier ministre José Socrates.

«D'après l'information et les prévisions dont nous disposons, nous pensons que nous pourrions dégrader une nouvelle fois d'un cran la note du Portugal», a indiqué S&P dans un communiqué.

«Cela pourrait avoir lieu cette semaine», a précisé l'agence de notation qui avait abaissé jeudi de deux crans la note de la dette à long terme du Portugal (de «A-"à «BBB»), en raison de «l'incertitude politique accrue» générée par la démission du chef du gouvernement.

L'agence a par ailleurs abaissé lundi de deux crans ou plus les notes de cinq banques portugaises: la banque publique Caixa Geral de Depositos, ainsi que les institutions privées Santander Totta, BES, BPI et Millennium BCP.

Cette dégradation, qui fait suite à l'abaissement de la note souveraine du pays, «est aussi basée sur la détérioration que nous anticipons du profil financier des banques portugaises en raison de difficultés économiques et financières», précise S&P.

S&P estime que la situation du pays devrait «conduire à une récession en 2011, ce qui limitera les perspectives de croissance pendant une longue période» ajoutant que, dans ce contexte, «la qualité et la rentabilité des actifs domestiques des banques devaient se détériorer davantage».

Par ailleurs, S&P indique que les banques pourraient connaître des problèmes de financement avec des marchés qui «resteront fermés», mais devraient toutefois bénéficier d'«un accès aux liquidités telles que celles provenant de la Banque centrale européenne (BCE)».

Comme S&P, les agences Fitch et Moody's ont également abaissé ces derniers jours de deux crans la note attribuée à Lisbonne, invoquant une conjoncture économique incertaine face au programme de rigueur ambitieux du gouvernement et estimant que la crise actuelle faisait peser des incertitudes sur la capacité de financement du pays.

La démission du chef du gouvernement n'a pas encore été formellement acceptée par le président Anibal Cavaco Silva, qui a reçu vendredi les partis représentés au parlement, avant de convoquer le conseil d'État, un organe consultatif, et de pouvoir dissoudre l'Assemblée et convoquer de nouvelles élections.

Le Portugal fait actuellement face à une situation d'urgence financière. Le pays doit rembourser 9 milliards d'euros de dette d'ici la mi-juin alors que les marchés exigent des taux d'intérêt historiquement élevés pour le refinancer.

Réunis la semaine dernière à Bruxelles, les dirigeants européens ont assuré qu'ils étaient prêts à «aider» le Portugal en débloquant, avec le soutien du Fonds monétaire international, les quelque 75 milliards d'euros jugés nécessaires, mais ils ont exigé, en échange, que le pays s'engage sur un programme d'austérité et de réformes que José Socrates ne peut plus assumer.