La crise politique au Portugal, qui risque de lui imposer un plan d'aide financier international, menace à nouveau la stabilité de la zone euro et va assombrir un sommet européen jeudi et vendredi appelé à parachever un dispositif contre les crises de la dette.

Depuis des mois, ce pays est considéré par les marchés financiers comme le prochain candidat à un soutien financier de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, dans le sillage de la Grèce puis de l'Irlande l'an dernier.

L'opposition portugaise, majoritaire au Parlement, devrait confirmer mercredi son rejet d'un nouveau programme d'austérité présenté par le premier ministre socialiste José Socrates et jugé crucial par l'Europe. Ce qui devrait le pousser à la démission et risque de précipiter un appel à l'aide financière internationale.

Après une période d'accalmie, l'Union monétaire se prépare donc à traverser une nouvelle zone de turbulences. Car si le Portugal devait se résigner à appeler ses partenaires à la rescousse, c'est l'Espagne qui risquerait de se trouver à son tour en première ligne face aux marchés.

Les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'UE doivent justement adopter à Bruxelles un arsenal préparé depuis des mois face à la crise de la dette.

Il s'agit de renforcer le Fonds de soutien financier temporaire aux pays de la zone euro en difficulté, de sceller un accord sur un changement du traité européen pour autoriser la création d'un mécanisme d'aide permanent à partir de mi-2013, de définir les contours précis de ce dispositif et de durcir la discipline budgétaire et la compétitivité des pays européens.

Des accords ont déjà été trouvés sur la plupart des points, au moins au niveau de l'Union monétaire.

Les dirigeants de la zone euro se sont entendus le 11 mars pour augmenter à 440 milliards d'euros la capacité de prêt effective de leur Fonds de secours (contre 250 milliards environ actuellement), et pour doter de 500 milliards d'euros le mécanisme permanent.

Ils ont aussi décidé d'élargir la palette d'outils des deux dispositifs, en leur permettant d'acheter directement de la dette publique émise par les États en difficulté.

Les taux d'intérêt des prêts seront diminués.

Dans le détail, les ministres des Finances européens sont aussi tombés d'accord lundi pour doter le futur mécanisme de 700 milliards d'euros de capital afin qu'il puisse prêter effectivement 500 milliards.

Mais le dernier mot n'est pas encore dit, car, selon la presse, la chancelière allemande Angela Merkel voudrait demander d'étaler les paiements différemment de ce qui est prévu.

Les Européens ne se sont pas encore entendus non plus sur les moyens d'augmenter la capacité du Fonds de soutien actuel, vraisemblablement via une hausse des garanties. La Finlande, en période électorale, «a exclu toute augmentation des garanties du Fonds vendredi», a indiqué une source diplomatique. Ce qui devrait reporter la question à plus tard.

Les dirigeants de l'UE doivent aussi valider un «pacte pour l'euro», dans lequel ils s'engagent à réformer leurs économies, à limiter leur dette publique et à pratiquer la modération salariale.

Il mécontente toutefois les syndicats européens qui le jugent «antisocial». Ils ont prévu de manifester jeudi à Bruxelles pour s'y opposer.

Autre dossier sensible: celui de l'Irlande.

Dublin veut obtenir une baisse du taux d'intérêt des prêts qui lui ont été octroyés. Mais l'Irlande s'est heurtée jusqu'ici au refus de ses partenaires, qui lui demandent en échange une augmentation de sa fiscalité sur les sociétés.

Selon le quotidien Irish Times, le gouvernement pourrait cependant céder en partie en acceptant un projet visant à harmoniser l'assiette de l'impôt sur les sociétés dans l'UE.