La facture des frappes en Libye -même si elle s'annonce beaucoup moins lourde que celle des conflits en Irak et Afghanistan- complique encore la tâche du gouvernement britannique au moment où il exige des économies drastiques de tous les secteurs, y compris celui de la défense.

Le budget de rigueur soumis mercredi au Parlement prévoit une baisse des dépenses de défense, dans le cadre d'une diminution de 8% d'ici 2015. Avec à la clé l'abandon de plusieurs programmes, le retrait du service d'avions de combat et d'un porte-avions et la perte de 11 000 postes dans les forces armées.

La pilule a eu encore plus de mal à passer chez les militaires après l'annonce de l'engagement britannique en Libye. Et certains commentateurs ont souligné qu'il était contradictoire d'engager la Grande-Bretagne sur un nouveau front en taillant au même moment dans les subsides de la défense.

Londres, qui est un pivot de la force internationale en Libye, a mobilisé pour cette opération des avions de combat Typhoon et Tornado, des avions de surveillance, des sous-marins et deux frégates.

Mais les experts s'accordent à penser que si le conflit ne s'enlise pas, son coût devrait rester relativement limité, et sans commune mesure avec l'effort consenti en Irak ou en Afghanistan où Londres a envoyé quelque 10 000 soldats. Notamment parce qu'il n'est pas question -au moins pour l'instant- d'une offensive terrestre.

Une offensive aérienne de quatre à six semaines en Libye coûterait environ 100 millions de livres (160 millions de dollars), estime Malcolm Chalmers, du Royal United services Institute, spécialisé dans les questions de défense. Une somme «relativement limitée, au moins comparé à l'Afghanistan, qui coûte 4 milliards de livres (6,4 millions de dollars) par an». Mais la note pourrait nettement s'alourdir en cas d'opérations au sol significatives, prévient-il.

«C'est une opération relativement limitée par rapport à l'intervention en Irak en 2003», a confirmé sur la BBC Francis Tusa, rédacteur en chef de Defence Analysis, rappelant toutefois que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne requérait la mobilisation d'appareils 24H sur 24.

Or, un Tornado «coûte, tout inclus, 35 000 livres par heure de vol». Et un missile «entre 800 000 livres et un million pièce», a-t-il expliqué.

L'intervention en Libye devrait coûter à la Grande-Bretagne «des dizaines de millions de livres, mais pas des centaines», a assuré le ministre des Finances George Osborne, citant les estimations du ministère de la Défense. Une somme qui sera puisée dans les provisions budgétaires pour imprévus.

Mais des voix ont déjà réclamé que le gouvernement desserre l'étau autour du budget militaire.

«Avec le quatrième budget de la défense au monde, la Grande-Bretagne a clairement les moyens de jouer son rôle», a rétorqué le Premier ministre David Cameron. «Aucune ressource n'a été prélevée sur les sommes allouées à l'Afghanistan et j'ai l'assurance du chef d'état-major que les deux opérations peuvent être menées conjointement».