Production suspendue dans nombre d'usines, transports perturbés, limitation de la consommation d'énergie pour éviter le black-out: l'activité économique a tourné au ralenti lundi au Japon, trois jours après un terrible séisme.

La compagnie d'électricité de Tokyo tentait d'assurer une distribution suffisante dans des conditions difficiles, les entreprises de chemin de fer tentaient d'améliorer les dessertes et la Banque du Japon a débloqué l'équivalent de 130 milliards d'euros pour détendre les marchés financiers.

Mais en ce premier jour de la semaine habituellement chargé, les capacités de la troisième économie mondiale ont été loin de tourner à plein régime.

Pas une voiture n'est sortie des chaînes de production des grands constructeurs d'automobiles japonais, Toyota, Honda et Nissan.

Certaines de leurs usines se trouvent dans les zones du nord-est dévastées par le tremblement de terre et le tsunami de vendredi. Mais les sites du Kanto (région de Tokyo et alentour), touchés par le séisme de façon moins violente, tout comme ceux de l'ouest et du sud du Japon, épargné, n'ont pas ouvert non plus.

Fonctionnant à flux tendu, la production de ces firmes est bloquée par manque d'approvisionnement, leurs fournisseurs étant dans l'incapacité de produire ou d'expédier leurs pièces détachées à cause des perturbations dans les transports.

L'autre secteur stratégique pour les exportations de l'économie nippone, l'électronique, était aussi largement atteint, le géant Sony gelant par exemple l'activité de sept sites, la plupart dans le nord-est, où l'une de ses usines de disques Blue-Ray a été inondée.

La région de la métropole de Sendai, la plus proche de l'épicentre du séisme et submergée par une vague géante vendredi, est un centre industriel important non seulement pour l'électronique, mais aussi les télécommunications et les machines-outils.

Sur le front des transports, le trafic ferroviaire, bien sûr inopérant dans le nord-est, restait très perturbé dans la mégapole de Tokyo, le coeur économique du pays, fort de 35 millions d'habitants et de milliers de sièges sociaux, usines et commerces.

La compagnie East Japan Railways, qui exploite de nombreuses lignes empruntées par les banlieusards, n'a été en mesure que d'assurer 20% du trafic.

Pour ne pas aggraver la situation dans les gares bondées, le gouvernement a conseillé à la population de limiter ses déplacements au minimum, tandis que de nombreuses firmes demandaient à leurs employés de ne pas venir travailler.

Cette chute du trafic, habituellement intense aux heures de pointe, a quelque peu allégé la pression sur l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), qui peine à fournir le courant nécessaire.

Tepco doit parvenir à assurer la distribution malgré l'arrêt des dix réacteurs nucléaires de la préfecture de Fukushima, stoppés depuis le séisme et dont plusieurs ont été endommagés.

Les entreprises comme les particuliers ont été invités à réduire leur consommation d'énergie pour éviter une coupure généralisée dans le Kanto, et de nombreuses firmes ont fermé tout ou partie de la journée.

La compagnie d'électricité a néanmoins dû cesser d'alimenter temporairement plusieurs villes des préfectures d'Ibaraki (nord de Tokyo) et de Shizuoka (sud-ouest de Tokyo), une mesure exceptionnelle annoncée à l'avance et qui pourrait se prolonger par intermittence dans la région jusqu'à la fin avril.