Le tremblement de terre qui a frappé le Japon intervient «au pire moment» pour l'économie japonaise et pourrait précipiter une crise budgétaire, alors que les finances du pays sont déjà en piètre état, estime le cabinet d'études britannique Capital Economics.

Dans une étude publiée à Londres, les analystes du cabinet ont estimé qu'il était trop tôt pour chiffrer les conséquences de la catastrophe et que l'impact humain primait sur les aspects financiers, mais ont souligné tout de même que les conséquences pour les finances publiques japonaises pourraient être «considérables».

D'après les premières données disponibles, Capital Economics a avancé que le séisme devrait vraisemblablement provoquer moins de destructions que celui de Kobe en 1995, qui avait fait plus de 6000 morts et des dégâts estimés à 10 000 milliards de yens (soit environ 100 milliards de dollars au cours de l'époque).

De plus, le cabinet a souligné que l'impact économique des catastrophes naturelles s'avère souvent moins élevé au final que ce qui était anticipé au départ. En effet, «si l'activité économique chute immédiatement après la catastrophe, les travaux de reconstruction qui s'ensuivent la dopent fortement», a-t-il noté.

Il a rappelé l'exemple du séisme de 2010 au Chili, qui avait entraîné une chute de 1,3% du PIB au premier trimestre, suivie d'un rebond de 4,5% au trimestre suivant.

Les analystes de la banque japonaise Nomura ont fait le même constat.

«Nous ne nous attendons pas à un impact majeur sur les marchés des changes ou actions», a déclaré son chef économiste pour l'Europe, Peter Westaway, lors d'une conférence téléphonique. Selon lui, ce type de catastrophe peut être suivi d'un «choc négatif sur la production sur le court terme» puis d'un «rebond» grâce à une «forte demande».

Mais Capital Economics s'inquiète de l'impact potentiel du tremblement de terre pour les finances publiques, affirmant que «le désastre ne pouvait intervenir à un pire moment, alors que l'économie s'est déjà contractée fin 2010».

«Une large partie des coûts de reconstruction incomberont probablement aux collectivités locales, et au final à l'Etat, qui peine déjà à maîtriser la dette publique», ont prévenu ses analystes.

«Le gouvernement aura beaucoup plus de mal à présenter un plan de redressement budgétaire crédible cet été, si l'économie s'enfonce d'ici là dans la récession, les finances publiques se dégradent encore plus et de nombreux habitants continuent à souffrir de ce désastre», ont-ils ajouté.

Les économistes de Nomura ont aussi estimé qu'une «inquiétude» provenait de la méfiance que pourrait provoquer, sur les marchés et chez les agences de notation, «toute réponse budgétaire potentielle que le gouvernement aurait à prendre» face aux conséquences du séisme.

Peter Westaway a toutefois assuré avoir appris auprès des agences de notation qu'elles ne soulèveraient pas la question de la solvabilité budgétaire du Japon en lien avec d'éventuelles mesures budgétaires supplémentaires, «ce qui est une bonne nouvelle».