L'étau se resserre autour des gouvernements de la zone euro qui devront convaincre les investisseurs et les prêteurs qu'ils seront en mesure d'honorer leur dette.

Le scepticisme gagne de plus en plus les marchés, comme en fait foi le prix qu'il faut débourser pour assurer un prêt consenti à la Grèce. Hier, une tranche de 100 euros d'obligations hellènes venant à échéance en 2020 ne valait plus que 65$.

Assurer une créance de cinq ans coûtait à un prêteur 1,04 million d'euros par tranche de 10 millions. Dans ces conditions, le pays du bouzouki aura bien du mal à emprunter, lui qui consacre déjà 6,4% de son produit intérieur brut nominal au seul service de sa dette qui équivaut à 130% de la taille de son économie.

Les taux des obligations portugaises étaient aussi fortement à la hausse hier à la veille d'une importante émission de l'État lusophone qui tente par tous les moyens d'échapper à un douloureux plan de sauvetage orchestré par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI), comme s'en sont vu imposer la Grèce et l'Irlande.

Les 17 pays qui partagent l'euro doivent se réunir les 24 et 25 mars afin d'adopter un bouquet de mesures capables de stabiliser les finances publiques des États fragilisés comme la Grèce, l'Irlande ou le Portugal, de rassurer les détenteurs de leurs dettes qui sont avant tout des banques d'autres membres de la zone euro et de ne pas froisser les électeurs des pays qui devront se porter garants de cette dette, comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande qui jouissent encore de la meilleure note de crédit auprès des trois grandes agences Moody's, Standard&Poor's et Fitch Rating.

Trois nouvelles inquiétantes survenues au cours des derniers jours attisent la nervosité des marchés obligataires. Lundi, Moody's a réduit de trois niveaux, à B1, la qualité de la dette grecque en précisant que le risque de défaillance est à la hausse.

Dimanche, les élections irlandaises ont débouché sur un gouvernement de coalition qui remet en question le plan de sauvetage imposé au gouvernement sortant. Les nouveaux élus veulent que les obligataires essuient une partie des efforts de restructuration de la dette assumée maintenant par les seuls contribuables.

Ni le FMI, ni la Banque centrale européenne (BCE) n'acceptent cette avenue, car elle fragiliserait d'autres membres et leurs banques de la zone. Ainsi, selon une recherche de TD Economics, les institutions belges sont exposées à hauteur de 73,3% de leur capital à la dette grecque tandis que les portugaises, déjà fragilisées par la dette interne, sont exposées à hauteur de 39,1%.

L'Allemagne

La troisième mauvaise nouvelle est la décision de l'Allemand Axel Weber de ne pas accepter la succession du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, qui doit quitter ses fonctions plus tard cette année.

M. Weber était le principal atout de la chancelière Angela Merkel pour faire accepter aux électeurs allemands la nécessité de soutenir les maillons faibles de la chaîne euro.

La chancelière doit faire face à plusieurs échéances électorales, dont une le 20 mars. «Les Allemands jugent qu'ils ont été des plus généreux envers les pays fiscalement irresponsables et ils manifestent leur mécontentement dans la boîte de scrutin», résument Pierre Fournier et Angelo Katsoras, de la Financière Banque Nationale, dans une note géopolitique à leur clientèle transmise hier.