Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a «perdu toute légitimité» en décidant de «bombarder ses propres citoyens», a affirmé mercredi la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, alors que les deux pays sont d'importants partenaires économiques.

L'Espagne, qui collabore avec la Libye notamment dans le domaine de l'énergie et de la construction, était jusqu'à présent restée en retrait des condamnations exprimées par la communauté internationale.

La Bourse madrilène a baissé de 2,33% lundi puis de 1% mardi, affectée comme l'ensemble des places européennes par les tensions dans le monde arabe. Elle perdait 0,62% à 15H15 (9H15).

Le pays importe 13% du pétrole qu'il consomme de Libye, a indiqué mardi le ministre espagnol de l'Industrie, Miguel Sebastian.

Le colonel Kadhafi avait effectué fin 2007 une visite officielle en Espagne, qui cherchait alors à consolider les positions stratégiques de son groupe pétrolier Repsol en Libye et prendre sa part aux juteux contrats d'infrastructures d'un pays alors en plein bouillonnement après la levée des sanctions de l'ONU en 2003.

Madrid avait évoqué la «possibilité de contrats» pour des entreprises espagnoles d'un total de 15,8 milliards de dollars, dans les secteurs de la défense/aéronautique, de l'énergie et des infrastructures.

Le groupe de BTP Sacyr Vallehermoso avait annoncé la création d'une co-entreprise avec une société d'État libyenne, la Lybian Company for Development and Investment, détenue à 60% par l'espagnol et 40% par le groupe libyen.

Sacyr avait signé fin 2008 un premier contrat de 538 millions pour réaliser des travaux d'urbanisation puis en en octobre 2009 deux nouveaux contrats de 404 millions pour la construction de quartiers d'habitation à Benghazi.

Repsol est également très présent en Libye, où il produisait, selon les derniers chiffres disponibles, datant de 2009, quelque 34.777 barils de pétrole par jour, soit 3,8% de sa production totale.

Repsol et Sacyr ont évacué ces derniers jours tout leur personnel expatrié, et Repsol a suspendu mardi toutes ses activités en Libye.

Le groupe pétrolier, implanté en Libye depuis les années 70, a signé en 2008 avec Tripoli un accord lui garantissant la prolongation de ses contrats d'exploration-production de pétrole jusqu'en 2032.