Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a admis mercredi que son institution avait vu ses prévisions économiques et financières mises en échec par la crise mondiale, et promis d'améliorer leur élaboration.

M. Strauss-Kahn répondait par écrit à un rapport du Bureau indépendant d'évaluation (BIE) du FMI, intitulé «Performance du FMI dans la période menant à la crise financière et économique: la surveillance du FMI de 2004 à 2007».

«L'incapacité du Fonds à prévenir de la possibilité d'une crise systémique d'une manière suffisamment précoce, pointue et efficace est un fait qui doit nous rendre humble, que l'institution a reconnu avec sincérité, et auquel elle a été prompte à répondre», a affirmé M. Strauss-Kahn.

Le rapport porte principalement sur une période antérieure à son arrivée à Washington, en novembre 2007. Le FMI était alors dirigé par l'Espagnol Rodrigo Rato.

Mais le BIE rappelle à quel point, entre l'automne 2007 et la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008, le Fonds restait convaincu de la capacité du secteur financier à absorber ses pertes et de celle de l'économie américaine et mondiale à éviter une récession.

Il rappelle par exemple qu'en mai 2008, M. Strauss-Kahn avait affirmé depuis Bruxelles, au sujet du secteur financier: «les pires nouvelles sont derrière nous».

Mercredi, M. Strauss-Kahn a indiqué au BIE qu'il soutenait «globalement» ses idées «constructives», dont celle d'entendre plus régulièrement des économistes dont les vues seraient contraires aux prévisions du FMI.

«Dans le même temps, il ne doit faire aucun doute que nous sommes déterminés à promouvoir la diversité de notre personnel dans toutes ses dimensions, y compris la diversité d'opinions», a souligné le dirigeant du FMI.

Cette réponse a reçu un accueil mitigé du Bureau d'évaluation.

Lors d'une conférence de presse pour présenter le rapport, son président, le Mexicain Moises Schwartz, s'est félicité des initiatives prises par M. Strauss-Kahn depuis son arrivée pour améliorer l'efficacité du FMI, tout en les jugeant insuffisantes.

«Nous saluons assurément ces initiatives, mais le BIE pense qu'il faut encore beaucoup plus de changement. Nous appelons à un changement plus fondamental qui modifierait la culture, le mode de gouvernement, les incitations et les pratiques de l'institution», a-t-il déclaré.

Le rapport souligne par exemple que «le FMI a souvent semblé prendre fait et cause pour le secteur financier américain et la politique des États-Unis, puisque son point de vue était généralement en harmonie avec celui de la Réserve fédérale américaine (Fed)».

Dans une réponse écrite, le personnel du FMI s'est agacé de cette critique.

«Le rapport aurait pu examiner davantage dans quelle mesure le personnel a considéré des points de vue contraires au sien (on peut soutenir qu'il l'a fait) et comment il a comparé ces prises de position à l'ensemble bien plus vaste des preuves rassemblées par le courant de pensée dominant», ont relevé les économistes du Fonds.

Le BIE du FMI a été créé en 2001 pour avoir une vue critique et objective en interne sur le travail de l'institution, après la crise asiatique de 1997-1998. La majorité de ses membres est recrutée en dehors du FMI, et une minorité est détachée par le Fonds.