Les quatre principales associations de transport maritime, représentant 90% de la flotte marchande mondiale, ont demandé lundi aux autorités de renforcer leur action contre la piraterie «inacceptable» qui sévit au large des côtes somaliennes, en menaçant sinon de détourner le trafic.

Quelque 700 marins sont actuellement détenus en otages par des pirates qui réclament rançon à bord de 30 navires le long des côtes somaliennes, ont indiqué les quatre principales organisations de transport maritimes privées du monde, qualifiant la situation «d'inacceptable» pour le secteur, dans une lettre ouverte datée du 4 février, rendue publique lundi par l'Union des armateurs grecs.

«Si les actions nécessaires ne sont pas prises par la communauté internationale, l'industrie du transport maritime envisagera toutes les options possibles, dont celle d'utiliser des itinéraires différents, ce qui aurait un impact spectaculaire sur le commerce mondial, en particulier sur le transport pétrolier» indique la lettre.

«Au cours des semaines récentes, nous avons appris que la torture de marins par des pirates somaliens était devenue chose courante», (...) des «crimes» qui «ne peuvent être tolérés» ajoute le texte.

Les quatre associations signataires -BIMCO, la Chambre internationale du commerce maritime, Intercargo et Intertanko- estiment le coût annuel de la piraterie entre 7 et 12 milliards de dollars pour l'économie mondiale.

Ce chiffre provient d'une étude réalisée par l'institut londonien Chatham House, rendue publique la semaine dernière.

La lettre des armateurs a été envoyée au lendemain de l'annonce à Londres par les Nations unies d'un plan d'action global pour combattre la piraterie maritime.

Ce jour-là, l'Organisation maritime internationale (OMI), agence spécialisée de l'ONU, avait fait un bilan indiquant que la piraterie maritime a atteint en 2010 des niveaux records avec 1130 marins pris en otage le long des côtes somaliennes. Sur les 12 derniers mois, 286 actes de piraterie se sont déroulés dans la zone, et 67 navires ont été pris en otage.

Le plan d'action entend accroître la pression politique pour faire libérer les otages, renforcer la protection des navires, promouvoir la coordination entre États, prêter main forte aux États riverains pour leur permettre d'arrêter et juger les pirates, et aider la Somalie à mettre en oeuvre une surveillance efficace des côtes.

Mais l'OMI reconnaissait que «résoudre les problèmes politiques de la Somalie et créer les conditions d'une stabilité du pays peut prendre du temps».