L'agence de notations Fitch a annoncé jeudi qu'elle dégradait d'un cran la note souveraine de l'Égypte, dans la foulée des deux autres agences, Moody's et Standard and Poor's, à la suite de «l'intensification significative» de la vague de protestations dans le pays.

La note attribuée à la dette long terme du pays passe de «BB+» à «BB», soit 11 crans en dessous de la note maximale «AAA» de la classification de Fitch.

Cette note montre que l'Égypte reste considérée par Fitch comme un pays qui peut honorer sa dette mais qui présente un risque de non-remboursement.

Cette note est placée sous surveillance négative, ce qui signifie qu'elle pourrait être de nouveau abaissée dans les trois mois à venir.

«Cette dégradation reflète l'intensification significative des protestations, au moment où débute ce qui semble être une transition politique incertaine vers un nouveau gouvernement, ainsi que les conséquences négatives croissantes pour l'économie et les finances du pays de la poursuite des troubles», affirme un responsable de Fitch, Richard Fox, dans un communiqué.

«La mise sous surveillance négative reflète, elle, le fossé entre les demandes des manifestants sur les réformes politiques et la position du gouvernement, ce qui risque de dégrader encore la situation politique et économique avant qu'une solution ne soit trouvée», ajoute-t-il.

Selon Fitch, «une solution permettant de restaurer la stabilité politique, pourrait n'être entrevue que dans plusieurs mois, voire plus». Elle souligne que «l'activité économique a déjà pâti de nombreuses fermetures d'entreprises et de banques, et une large part des investissements vont être suspendus tant que la situation politique n'est pas éclaircie».

L'agence souligne que le produit intérieur brut devrait «chuter fortement» et que le taux de chômage, juste en dessous de 9%, devrait augmenter. «Le déficit budgétaire devrait dépasser les 8% du PIB et le ratio de la dette (par rapport au PIB) devrait encore s'accroître», prédit-elle encore.

Les revenus du tourisme et les investissements directs étrangers, qui représentent respectivement 5% et 3% du PIB, devraient décliner et l'inflation devrait augmenter, prévoit Fitch.

Surtout, l'agence souligne que «la transition est incertaine et l'éventail des issues possibles s'est élargi et est devenu plus difficile à prévoir».

Cette dégradation place l'Égypte au même niveau de risque pour les trois agences de notation. Standard & Poor's avait annoncé mardi avoir dégradé d'un cran sa note de «BB+» à «BB», au lendemain d'une décision similaire de Moody's qui a ramené la note du pays à «Ba2».

Les notes attribuées par les agences évaluent la capacité des États et des entreprises à rembourser leurs dettes, et influencent fortement le coût auquel ils peuvent emprunter sur les marchés.