Le Fonds monétaire international est prêt à aider l'Égypte, et d'autres pays dans la même situation, à reconstruire leur économie, a indiqué mardi son directeur général Dominique Strauss-Kahn, qui a par ailleurs mis en garde contre l'aggravation des déséquilibres mondiaux.

«Le FMI est prêt à aider à concevoir le type de politique économique qui pourrait être mise en place» en Égypte et dans d'autres pays à la situation similaire, a déclaré M. Strauss-Kahn lors d'une conférence à Singapour.

«La question est de savoir comment reconstruire. Ce n'est pas seulement valable pour l'Égypte, mais aussi pour des pays qui ne connaissent pas ce genre de troubles, mais qui sont quasiment dans la même situation», a-t-il précisé.

L'Égypte est secouée depuis plus d'une semaine par des manifestations, qui font suite à celles ayant renversé le pouvoir en Tunisie.

Le directeur général du FMI a par ailleurs mis en garde contre l'aggravation de déséquilibres mondiaux, facteurs de tensions qui menacent selon lui de faire dérailler la fragile reprise économique.

«Bien que la reprise soit en cours, ce n'est pas la reprise que nous souhaitions», a-t-il dit. «C'est une reprise émaillée de tensions et de pressions, qui pourrait même semer les graines de la prochaine crise».

Dominique Strauss-Kahn voit «deux déséquilibres dangereux»: celui existant entre les pays développés, à croissance molle, et les pays émergents et en voie de développement, à croissance rapide, dont «certains pourraient même se trouver bientôt en état de surchauffe».

Parlant de la région Asie, il a ainsi estimé que «des risques de surchauffe existent, voire d'atterrissage brutal». Il a également souligné le risque provoqué par l'augmentation des prix à l'alimentation, «avec des effets potentiellement dévastateurs pour les pays à faible revenu».

Le directeur général du FMI a par ailleurs noté que parmi les pays riches, les économies dotées d'une balance commerciale très excédentaire, comme la Chine et l'Allemagne, restent dopées par les exportations, tandis que celles pourvues d'une balance commerciale déficitaire, comme les États-Unis, continuent de s'appuyer sur la demande intérieure.

«Ces déséquilibres mondiaux représentent un risque pour la durabilité de la reprise», a déclaré M. Strauss-Kahn à Singapour.

L'autre déséquilibre qu'il a évoqué est celui qui existe au sein de différents pays, avec un nombre accru de chômeurs et de très forts écarts de revenus. Par exemple, a-t-il dit, le chômage est «une des raisons de fond des troubles politiques en Tunisie».

«Avec l'augmentation des tensions entre les pays, le protectionnisme, commercial et financier, pourrait s'aggraver», a-t-il mis en garde. Et l'accroissement des tensions «au sein d'un pays peut favoriser une instabilité sociale et politique, et même la guerre», selon lui.

Ses propos ont été critiqués par la ministre française de l'Économie Christine Lagarde, qui a estimé inutile de «crier au loup».

Mme Lagarde a observé que c'était «une évidence qu'il y a un certain nombre de risques (...) dans une économie mondialisée» et qu'il «suffit qu'il y ait un conflit quelque part pour qu'il y ait des menaces».

«Mais il y a des réponses aussi» aux inquiétudes exprimées par le patron du FMI, a enchaîné Mme Lagarde. Ainsi, a-t-elle assuré, évoquant les troubles en Égypte, si le trafic des pétroliers dans le canal de Suez était perturbé, «l'OPEP prendrait des mesures pour alimenter le marché».