L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé mardi avoir abaissé la note souveraine de l'Égypte, et envisager une nouvelle dégradation dans les trois mois, en raison de l'instabilité politique dans ce pays, au lendemain d'une décision similaire de l'agence Moody's.

«De notre point de vue, l'instabilité politique et les troubles vont ralentir la croissance économique de l'Égypte et affecter ses finances publiques», indiqué l'agence de notation dans un communiqué.

«Après une semaine de manifestations populaires, en partie violentes, le président égyptien Hosni Moubarak a remanié le gouvernement le 29 janvier. Mais les protestations ont continué», ajoute-t-elle.

Standard & Poor's a donc décidé de baisser la note de la dette à long terme de ce pays d'un cran, passant de BB+ à BB, restant dans le club des pays considérés comme pouvant faire face aux remboursements de leur dette.

«Nous plaçons la dette de long terme sous surveillance négative», ce qui signifie que nous pourrions encore dégrader la note de plus d'un cran, dans les trois mois qui viennent, si nous voyons des signes supplémentaires d'instabilité politique», ajoute l'agence.

Elle prévoit que la situation politique va peser sur la croissance du pays qui a augmenté de près de 5% ces deux dernières années.

L'agence estime que «le gouvernement va finalement prendre des mesures contre la pauvreté en augmentant les aides dans les secteurs alimentaire et du carburant», ce qui aura, selon elle, «des conséquences négatives en termes de déficits publics».

En l'absence de coupes dans d'autres dépenses, le déficit budgétaire en 2011 devrait fortement augmenter, «ce qui sera difficile à financer alors que l'incertitude politique prévaut», ajoute l'agence.

Lundi, l'agence de notation Moody's Investors Service avait dégradé d'un cran la note de l'Égypte, désormais ramenée à «Ba2», et indiqué qu'elle pourrait l'abaisser encore à moyen terme en raison de «l'augmentation récente et significative du risque politique» dans le pays.

Les Égyptiens se rassemblaient mardi au Caire par dizaines de milliers dans une ambiance de kermesse pour une journée de manifestations monstres que l'opposition espère décisive, après une semaine de révolte sans précédent pour exiger le départ du président Moubarak.