Plusieurs pays et entreprises continuaient lundi de rapatrier ou de réduire le nombre de leurs ressortissants expatriés en Égypte, certains groupes étrangers suspendant leur production dans le pays où une révolte populaire sans précédent a fait au moins 125 morts en une semaine.

Égypte : l'évacuation des Canadiens a commencé

Face à un mouvement qui s'amplifie, de nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers et les réservations se font rares.

Le coût s'annonce énorme pour ce pays, à qui le tourisme a rapporté environ 13 milliards de dollars en 2010, avec 14,7 millions de visiteurs.

Profitant d'un espace aérien ouvert alors que le pays est en partie paralysé, des centaines de touristes, expatriés et Égyptiens angoissés tentaient de quitter le pays.

Quelques dizaines de ces évacués sont arrivés lundi à Chypre, pays de l'Union européenne situé à 90 minutes de vol du Caire, qui se préparait à en accueillir plusieurs centaines d'autres dans les 24 prochaines heures.

Toutefois, Egyptair a annoncé l'annulation jusqu'à nouvel ordre de tous ses vols pendant les heures du couvre-feu en vigueur au Caire, à Suez et à Alexandrie, soit entre 13h00 et 6h00 GMT. D'autres compagnies comme Alitalia ou Air France ont dû adapter leurs horaires.

Signe d'une inquiétude grandissante, certaines entreprises étrangères ont annoncé la suspension de leurs activités, comme le géant maritime et pétrolier danois A.P.Moeller-Maersk, les cimentiers français Lafarge et italien Italcementi, ou encore le constructeur automobile Nissan.

Plusieurs entreprises, dont Lafarge, la banque Crédit Agricole, France Télécom, la compagnie pétrolière russe Loukoïl, le producteur de gaz Novatek, le gazier polonais PGNiG, ou encore le groupe énergétique allemand RWE, avaient auparavant annoncé l'évacuation des familles de leur personnel expatrié et de tout ou partie de leurs salariés.

De nombreux pays dont les États-Unis, le Canada, l'Arabie saoudite, la Libye, le Liban, la Thaïlande, la Bulgarie, le Japon et l'Australie ont dépêché des avions pour ramener leurs ressortissants. Israël a rapatrié les familles de ses diplomates.

Au moins 2400 Américains sur les 54 000 enregistrés dans le pays, cherchaient à quitter l'Égypte, selon le département d'État.

En Europe, la plupart des pays se contentaient de déconseiller de se rendre en Égypte, mais certains organisaient les rapatriements, comme l'Autriche, le Porgugal ou la Grèce qui a décidé de dépêcher des avions militaires. Berlin a demandé à plusieurs compagnies de réfléchir à des «capacités supplémentaires».

L'Italie, qui compte 15 000 ressortissants en Égypte, dont 7000 touristes, a prévu d'augmenter la capacité des vols Alitalia pour ceux qui voudraient rentrer. Air France va également utiliser un avion de plus haute capacité pour son aller-retour quotidien Paris-Le Caire.

Londres a recommandé aux Britanniques de quitter Le Caire, Alexandrie et Suez, mais a estimé que la situation n'avait «pas atteint un stade où nous envisagerions d'affréter des avions et d'évacuer un grand nombre de personnes».

Un sentiment partagé par Moscou qui a recommandé aux quelque 70 000 Russes sur place, dont 30 000 expatriés, de rester chez eux ou dans les zones hôtelières.

De nombreux voyagistes ont suspendu leurs départs et organisaient l'évacuation des vacanciers dont notamment 30 000 Britanniques, 15 000 Suédois, 4000 Belges, autant de Néerlandais, 2500 Finlandais et plus d'un millier de français.

La majorité des touristes se trouvent dans les stations de la Mer Rouge ou les sites antiques de la vallée du Nil.

La compagnie aérienne saoudienne Saudi Arabian Airlines a organisé 26 vols durant le week-end pour le rapatriement.

Les suédois Apollo et Frididsresor, le finlandais Aurinkomatkat, ou le belge Jetair, ont pris l'initiative de rapatrier leurs clients. Le suisse Kuoni a recommandé à ses quelque 600 clients de quitter le pays.

Côté français, le Club Med a organisé dès lundi un vol spécial pour évacuer ses clients à Taba sur la mer Rouge.