L'économie britannique s'est brutalement contractée au dernier trimestre 2010, avec une chute de 0,5% du PIB qui a pris tous les experts de court et constitue une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement au début d'une période de restrictions budgétaires sans précédent.

Cette baisse du Produit intérieur brut (PIB), en partie imputable aux intempéries hivernales ayant perturbé l'activité du pays, est la première enregistrée au Royaume-Uni depuis le 3e trimestre 2009, à la fin d'une longue période de récession.

Elle a aussitôt alimenté les craintes d'un retour du pays dans une crise qui l'avait frappé de plein fouet, alors que le reste de l'Europe scrute les effets de la cure d'austérité drastique imposée par le Premier ministre conservateur David Cameron pour venir à bout du déficit public après son arrivée au pouvoir en mai dernier.

Sur l'ensemble de l'année 2010, la croissance britannique a été ramenée à 1,4%, loin des 1,8% attendus par le gouvernement, qui pèche sans doute encore par excès d'optimisme en prévoyant une hausse de 2,1% cette année.

Or M. Cameron tablait précisément sur la vigueur de la reprise britannique pour compenser les effets des coupes budgétaires -plus de 122 milliards de dollars sur quatre ans- qui se traduiront par des centaines de milliers de suppressions d'emplois dans le seul secteur public.

Avec un chômage d'ores et déjà en hausse, notamment chez les jeunes, une inflation qui dérape chaque mois davantage (+3,7% sur un an en décembre) et une croissance en berne, tous les signaux économiques ont viré au rouge.

Le ministre des Finances George Osborne a admis que le chiffre publié mardi était «décevant». Mais il a insisté sur la neige et le froid ayant sévi en novembre et décembre, qui ont eu «un impact sur l'économie bien supérieur à ce qu'on croyait».

Il a assuré qu'il n'était «pas question» de revenir sur le plan d'économies budgétaires annoncé en novembre, seul à même, selon lui, de remettre durablement le pays sur pied.

De son côté, l'opposition travailliste a fustigé des choix «qui ont réduit à néant la reprise économique» et dont «les effets n'ont pas fini de se faire sentir», quelles que soient les conditions météo.

Car l'hiver n'explique pas totalement la contre-performance de fin 2010: selon les données officielles, le mauvais temps a amputé le PIB d'environ 0,5 point. Ce qui signifie que si le climat avait été plus clément, l'économie britannique aurait au mieux stagné.

Les experts, dont la plupart avaient tablé sur une croissance ralentie mais toujours positive fin 2010, n'ont pas caché leur stupéfaction.

«C'est un résultat particulièrement mauvais, bien pire que les estimations les plus pessimistes», a souligné Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Jonathan Loynes, de Capital Economics, a jugé la performance «épouvantable», tandis que d'autres évoquaient un chiffre «désastreux». «L'économie risque de retourner dans la récession», ont mis en garde les experts du cabinet Cebr.

Tous étaient d'accord sur un autre point: la quasi-impossibilité pour la Banque d'Angleterre (BoE) d'augmenter à ce stade son taux directeur, figé à 0,5% depuis près de deux ans, et dont le relèvement ralentirait immédiatement l'activité économique.

Mais cela impliquerait que la BoE continue de laisser filer l'inflation, qu'elle est pourtant censée maintenir sous le seuil des 2%, avec les risques économiques et politiques qui vont avec.

Avec une croissance anémique et des prix élevés à l'horizon, la presse britannique a déjà commencé à décrire les symptômes de la maladie qui guette le pays: la «stagflation».