La Chine a annoncé jeudi une croissance très vigoureuse de 10,3% pour 2010 qui conforte son nouveau statut de deuxième puissance économique mondiale, mais les craintes d'un nouveau resserrement monétaire à cause de l'inflation ont pesé sur les Bourses asiatiques.

Avec 3,3% de hausse des prix sur l'année, l'objectif du gouvernement a été dépassé et les autorités ont souligné leur détermination à contrôler l'inflation, potentiellement créatrice d'instabilité sociale.

La croissance chinoise est à son plus haut niveau depuis 2007, lorsqu'elle avait caracolé à 14,2%.

L'an dernier, la hausse de Produit intérieur brut (PIB) s'est légèrement accélérée au quatrième trimestre à 9,8%, contre 9,6% au troisième, a précisé le Bureau national des statistiques (BNS).

Le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon aux deuxième et troisième trimestres 2010, et la forte croissance annoncée pour le quatrième trimestre devrait permettre à Pékin de confirmer son statut de deuxième puissance économique derrière les États-Unis lorsque Tokyo annoncera ses chiffres mi-février.

En 2010, le PIB chinois s'est élevé à 39.798 milliards de yuans (4.489 milliards d'euros), selon les chiffres préliminaires publiés jeudi.

«2010 a certainement été l'année durant laquelle la Chine a surpassé le Japon pour devenir la deuxième économie mondiale», a déclaré jeudi dans une note de recherche Lu Ting, analyste chez Bank of America - Merril Lynch.

«L'économie nationale a maintenu une croissance stable et relativement rapide de 10,3%. Nous sommes dans le même temps parvenus à maintenir les prix dans la fourchette que nous visions», a affirmé lors d'un point de presse Ma Jiantang, le directeur du BNS.

L'inflation reste néanmoins un sujet d'inquiétude pour le gouvernement chinois, même si décembre a marqué une décélération de la hausse des prix à 4,6% sur un an, contre 5,1% au mois de novembre.

«Il nous faut prendre le contrôle des prix très au sérieux. Il existe une pression pour une accélération de l'indice des prix», a ajouté M. Ma.

Le gouvernement a jusqu'ici eu recours à des mesures monétaires pour juguler l'inflation, et promis de lutter contre les spéculateurs, mais n'a pas exclu de recourir à des contrôles administratifs des prix si nécessaire.

Craignant un nouveau relèvement des taux d'intérêt ou des taux de réserves obligatoires de banques en Chine, les bourses asiatiques ont perdu dans la matinée 1,13% pour Tokyo, 1,15% pour Hong Kong, 1,10% pour Shanghai et 0,97% pour Sydney.

L'évolution des prix avait été négative en 2009 (-0,7%), mais les mesures de relance prises par Pékin pour lutter contre les effets de la crise financière mondiale se sont traduites par des injections massives de liquidités dans l'économie, qui ont poussé les prix à la hausse l'an dernier.

L'indice des prix à la consommation a été principalement influencé par l'augmentation des prix alimentaires, qui touche surtout les plus démunis, ce qui fait craindre au gouvernement une flambée d'instabilité sociale.

«Le ralentissement de la hausse des prix en décembre ne sera probablement que temporaire», a estimé Brian Jackson, analyste à la Royal Bank of Canada.

Le Bureau des Statistiques a encore rapporté une hausse de la production industrielle de 15,7% l'an dernier, qui est comme la croissance à son plus haut niveau depuis 2007, lorsqu'elle avait progressé de 18,5%.

En revanche, les investissements en capital fixe dans les zones urbaines, ont augmenté plus faiblement en 2010 qu'en 2009, avec 24,5% de hausse contre 30,5%.

Enfin les ventes de détail, principal indicateur de la consommation, ont fortement augmenté l'an dernier de 18,4%, contre une hausse de 15,5% en 2009. L'économie chinoise est marquée par des investissements très élevés et une consommation encore relativement faible.