Le président américain Barack Obama a évoqué d'emblée la question sensible des droits de l'homme face à son homologue chinois Hu Jintao, qui entamait une visite d'État riche en symboles et en enjeux mercredi à Washington.

«L'Histoire a montré que les sociétés sont plus harmonieuses, qu'elles prospèrent davantage et que le monde est plus juste quand les droits et les responsabilités de tous les pays et de tous les peuples sont respectés», a déclaré M. Obama au cours d'une cérémonie d'accueil en grande pompe en début de matinée.

Le dirigeant américain, qui rencontre M. Hu pour la huitième fois en deux ans, a aussi espéré que cette visite jetterait les bases de 30 années de coopération entre Washington et Pékin, et assuré que les États-Unis et la Chine, dont les relations se sont tendues l'année passée, en particulier sur les questions monétaires, avaient un «intérêt énorme» à réussir mutuellement.

De son côté, a affirmé M. Hu, depuis que le président Obama a pris ses fonctions il y a deux ans, «notre coopération dans de nombreux secteurs a produit des résultats fructueux et nos relations sont parvenues à réaliser de nouveaux progrès».

Les deux dirigeants se sont ensuite retrouvés dans le Bureau ovale pour une rencontre en tête-à-tête, par la suite élargie à leurs collaborateurs.

Peu après midi, MM. Obama et Hu doivent rencontrer ensemble de grands patrons américains, parmi lesquels ceux de fleurons comme Microsoft, Goldman Sachs, Motorola, General Electric, Coca-Cola ou encore Boeing et Dow.

Les deux dirigeants participeront vers 13h05 à une conférence de presse et en soirée, les délégations se retrouveront pour un dîner d'État, dont la liste des invités et le menu étaient encore gardés jalousement secrets mercredi matin.

En deux ans de présidence Obama, seules deux visites d'État avaient jusqu'ici été organisées, en l'honneur de l'Inde et du Mexique.

Mais la visite de M. Hu se révèle riche en enjeux et en symboles, Pékin étant devenu ces dernières années un concurrent, mais aussi un partenaire économique impossible à ignorer pour les États-Unis.

L'anémie de la reprise américaine contraste de façon frappante avec le dynamisme de la Chine, qui aurait enregistré une croissance de 10,3% de son produit intérieur brut (PIB) en 2010.

Interrogé mardi sur la contradiction apparente entre l'organisation d'un dîner d'État et la position critique des États-Unis vis-à-vis de Pékin sur la question des droits de l'homme, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, est resté fidèle à la ligne édictée depuis deux ans par l'administration Obama: souligner et célébrer les points d'accord, prendre acte des désaccords sans que cela ne constitue un motif de rupture.

D'autres sujets de discorde entre les États-Unis et la Chine pourraient être mentionnés mercredi: la question tibétaine, les revendications maritimes de Pékin face à des alliés américains, la restriction par la Chine des exportations de minerais stratégiques ou encore les ventes d'armes américaines à Taiwan.

M. Obama devait par ailleurs annoncer la conclusion d'un accord sur la construction d'un centre de formation conjoint en Chine dédié à la sécurité nucléaire et à la lutte contre la prolifération, selon un responsable.

La sécurité a été renforcée mercredi à l'entrée de la Maison Blanche. Mardi, des centaines de Chinois et de Tibétains ont manifesté devant la résidence.

Clinton se satisferait d'une «relation normale» entre Pékin et Washington

Où en sont la Chine et les États-Unis après deux ans d'efforts de l'administration Obama ? «Une relation normale» suffirait à Hillary Clinton, a expliqué la chef de la diplomatie américaine mercredi, au deuxième jour de la visite à Washington du président chinois Hu Jintao.

Invitée, sur la chaîne ABC, à dire si les deux géants du début du XXIe siècle étaient amis ou ennemis, elle a expliqué: «si nous déroulons le tapis rouge pour le président Hu, c'est qu'il nous semble que nous pourrons mieux répondre à cette question en avançant».

«Mon espoir, c'est que nous ayons une relation normale», a-t-elle ajouté en réponse à une nouvelle question.

La secrétaire d'État a dit souhaiter «une relation très positive, complète et de coopération» avec Pékin: «Nous serons en concurrence dans certains domaines, cela ne fait pas de doute. Mais nous allons coopérer dans bien des secteurs».

Le président américain, Barack Obama, avait déclaré lors d'une visite en Chine en novembre 2009 que la Chine et les États-Unis n'avaient pas besoin d'être des adversaires.

L'administration était alors accusée, aux États-Unis, de mettre en sourdine ses critiques concernant la situation des droits de l'homme en Chine, en échange d'une coopération de Pékin contre la crise économique et le réchauffement climatique.

Mme Clinton a appelé, le 14 janvier, la Chine à libérer ses dissidents emprisonnés, dont le Nobel de la paix Liu Xiaobo, déplorant que Pékin n'ait pas tenu ses promesses en matière de droits de l'homme.

Une guerre froide sino-américaine «n'est pas dans l'intérêt de l'Amérique», a également assuré Hillary Clinton dans un autre entretien sur NBC.

Plus de coopération est nécessaire en économie et dans les dossiers diplomatiques les plus épineux, a-t-elle insisté, citant les ambitions nucléaires de la Corée du Nord.

«Nous ne voulons pas d'une relation où il y aurait un gagnant et un perdant», a résumé la secrétaire d'État: «Nous voulons, le plus possible, des situations "gagnant-gagnant" parce que, de bien des manières, cette relation déterminera la paix et la prospérité au XXIe siècle».