La croissance économique a ralenti plus que prévu au troisième trimestre dans la zone euro, plaçant l'Europe à la traîne des États-Unis, alors que les difficultés se sont accumulées ces derniers mois pour les pays les plus fragiles de l'Union monétaire.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a augmenté de 0,3% au cours des trois mois allant de juillet à septembre, selon une troisième et dernière estimation publiée vendredi par l'office européen des statistiques Eurostat. C'est moins que les 0,4% prévus jusqu'ici.

C'est aussi un net ralentissement par rapport au 1% des trois mois précédents.

La croissance européenne est par conséquent redevenue au troisième trimestre plus faible que celle des États-Unis (0,6%), après l'avoir largement dépassée le trimestre précédent.

Pour l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, Eurostat a confirmé son chiffre de croissance pour le troisième trimestre, à 0,5%.

Par pays, c'est la Suède qui a enregistré la croissance la plus forte (+2,1%), suivie par le Luxembourg (+1,5%) et la Pologne (+1,3%).

Au sein de la zone euro, l'Allemagne, première économie, a vu sa croissance ralentir à 0,7%, tout en restant largement au-dessus de la moyenne de l'Union monétaire.

La croissance a été de 0,3% en France (contre 0,4% dans une précédente estimation), tout comme en Italie (contre 0,2% jusque là) et au Portugal (contre 0,4%).

En revanche, elle a été nulle aux Pays-Bas et en Espagne. Et la Grèce, lanterne rouge de la zone euro et de l'UE, a enregistré un recul de 1,3% de son PIB.

Parmi les composantes de la croissance, la consommation a augmenté faiblement dans la zone euro, de 0,1%, a indiqué Eurostat, qui a revu en baisse sa précédente estimation (+0,3%).

Les investissements ont baissé de 0,3%, alors qu'Eurostat les donnait jusqu'ici stables.

Les exportations ont progressé de 1,9% et les importations de 1,5% (contre +1,7% estimé jusque là), précise également l'institut.

Le ralentissement de la croissance sur le trimestre est «largement dû à des dépenses de consommation tièdes ainsi qu'à une nouvelle chute des investissements», a souligné Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.

Les économistes soulignent par ailleurs les divergences au sein de la zone euro, qui se sont accentuées avec les difficultés budgétaires dans les pays de la «périphérie» (Grèce, Irlande, Portugal ou Espagne).

Les performances «varient nettement entre pays», commente Howard Archer, qui dit s'attendre à une croissance «relativement tiède» en 2011, en raison notamment des mesures d'austérité budgétaire et des «problèmes persistants» liés à la crise de la dette.

«La croissance plus faible qu'attendu au troisième trimestre est une déception, mais n'est pas une trop grande préoccupation car les données de l'enquête de confiance des entrepreneurs suggèrent que le taux de croissance devrait avoir augmenté à nouveau au dernier trimestre, à environ 0,5%», a commenté Chris Williamson, économiste chez Markit.

«Peut-être plus inquiétantes, cependant, sont les divergences nationales frappantes», a ajouté l'économiste, qui souligne «la faiblesse dans la périphérie».

Les divergences sont également marquées en ce qui concerne le marché du travail.

Selon des chiffres également publiés vendredi, le taux de chômage dans la zone euro est resté stable à 10,1% de la population active en novembre, son plus haut niveau historique, mais avec d'importantes différences entre pays.

Il a atteint 20,6% en Espagne, contre seulement 6,7% en Allemagne ou 4,4% aux Pays-Bas.