L'agence de notation Moody's Investors Service a annoncé mardi qu'elle réfléchissait à un possible abaissement d'un cran ou deux de la note du Portugal, actuellement de «A1» pour la dette long terme, en raison de l'impact de son plan d'austérité sur son dynamisme économique.

Dans un communiqué, Moody's se dit préoccupé «par la croissance molle» du Portugal, liée à la faiblesse de la demande intérieure. Cette situation va être «exacerbée par l'impact de l'austérité budgétaire», a-t-il noté.

L'agence se dit également inquiète de la capacité du pays à accéder aux marchés des capitaux dans des conditions financières acceptables et se préoccupe de l'impact budgétaire d'un possible nouveau renflouement des banques du pays.

Moody's avait annoncé début décembre qu'elle envisageait d'abaisser la note des principales banques portugaises en raison notamment de leur «grande dépendance» vis-à-vis des financements obtenus auprès de la Banque centrale européenne (BCE).

Si la dette du pays devait être dégradée d'un cran ou deux - Moody's se donne jusqu'à trois mois pour en décider - le Portugal resterait confortablement installé dans la catégorie des emprunteurs fiables.

Pour nous, «la solvabilité du Portugal n'est pas remise en question», a souligné Anthony Thomas, le principal spécialiste du pays pour Moody's, cité dans le communiqué. «Mais la probable détérioration des marchés obligataires à moyen terme et la poursuite des interrogations sur la capacité du pays à résister à la consolidation budgétaire et au désendettement du secteur privé font qu'une note "A1" pourrait ne plus être compatible avec les perspectives économiques du pays», ajoute l'économiste de Moody's.

L'annonce de Moody's intervient après celle de sa concurrente Standard and Poor's (S&P), qui avait placé la note de l'État portugais sous «surveillance négative» le 30 novembre.

A la mi-juillet, Moody's avait déjà abaissé la note du pays de deux crans, de «Aa2» (la troisième meilleure note possible dans sa classification) à «A1».

Dans le sillage de la crise de la dette en Grèce puis en Irlande, le Portugal a vu le coût de ses emprunts atteindre des niveaux record et il est considéré par les marchés comme le prochain pays de la zone euro risquant de faire appel à une extérieure.

Le pays s'est doté d'un budget d'une rigueur sans précédent qui vise à réduire le déficit public de 7,3% du PIB cette année à 4,6% fin 2011, mais la croissance économique sera limitée à 0,2% du PIB selon le gouvernement tandis que la Commission européenne prévoit une récession de 1%.

Affirmant que le Portugal les parviendra à surmonter ses difficultés budgétaires, le Premier ministre José Socrates a plusieurs fois répété que le pays restait en mesure de se financer sur les marchés.

Mais, prévient Moody's, «les conditions du marché régional et local de la dette détermineront si le gouvernement portugais devra finir par décider de sortir des marchés de capitaux privés» et de recourir au fonds de sauvetage de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.

Si, précise l'agence, le recours à une aide financière pourrait «réduire les incertitudes de court-terme» qui pèsent sur le Portugal, cette décision devrait également «soulever des inquiétudes sur sa capacité à revenir sur le marché de financement privé».