Une lente reprise s'est amorcée en Espagne au premier semestre 2010, mais la croissance devrait rester «molle» en raison d'ajustements nécessaires dans le secteur du logement et du niveau élevé de la dette privée, a affirmé lundi l'OCDE dans une étude sur le pays.

«Le chômage devrait par conséquent rester élevé», estime l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelant que l'Espagne a accusé la plus forte hausse du chômage de tous les pays de l'OCDE pendant la crise.

Dans ses dernières prévisions, l'organisation, qui réunit les pays riches, tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) espagnol de 0,9% l'an prochain, après un recul de 0,2% cette année et sur un taux de chômage à 19,1% après 19,8% en 2010.

«La croissance semble devoir rester peu soutenue étant donné que l'économie doit encore corriger une partie des déséquilibres apparus dans le secteur privé avant la crise», estime l'OCDE.

Pour rééquilibrer son économie, l'Espagne devra en conséquent «engager de véritables réformes», prône l'organisation.

Ainsi, «le marché du logement se traduit toujours par une offre largement excédentaire», note-t-elle, invitant le gouvernement à «reconsidérer les subventions publiques à la construction de logements sociaux» et l'incitant à privilégier «des allocations soumises à conditions de ressources».

L'OCDE plaide aussi pour une réforme du marché du travail visant à pallier ses faiblesses «structurelles». Elle juge notamment indispensable de «réformer en profondeur toute une série d'institutions». «Réduire le chômage massif parmi les jeunes constitue une priorité», écrit-elle.

L'organisation salue par ailleurs le projet du gouvernement de repousser l'âge du départ à la retraite de 65 à 67 ans, tout en jugeant utile de le compléter par d'«autres mesures de maîtrise des dépenses».

L'Espagne a récemment annoncé de nouvelles mesures anti-crise, devant la pression des marchés qui craignaient une contagion de la crise irlandaise et réclamaient des gestes forts pour améliorer les finances du pays.

Ces mesures devraient permettre de ramener le déficit public du pays de 11,1% du PIB en 2009 à 6% en 2011, estime l'OCDE.

«Les investisseurs considèrent encore que les risques entourant les emprunts des banques et la dette publique sont beaucoup plus élevés qu'avant la crise», juge toutefois l'organisation pour qui «le gouvernement doit être prêt à prendre d'autres mesures si nécessaire».

Pour l'OCDE, l'Espagne pourrait notamment envisager des «relèvements d'impôts» pour compléter les baisses de dépenses. «L'application du taux maximum de la TVA à un plus grand nombre de biens et services serait un moyen d'accroître les recettes», propose-t-elle.

«Une nouvelle réforme du système fiscal devra être envisagée en vue de mettre davantage l'accent sur les impôts qui favorisent la croissance», jugent aussi les auteurs de l'étude.