L'Union européenne a décidé de changer son traité pour doter les pays de la zone euro d'un mécanisme d'entraide financière durable afin de mieux résister aux crises, au terme d'une année tumultueuse marquée déjà par le sauvetage de la Grèce et de l'Irlande.

En revanche ses dirigeants restent divisés sur les moyens financiers du dispositif ou sur l'idée de compléter l'arsenal par des euro-obligations, pour mieux protéger les pays les plus fragiles.

Lors d'un sommet à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont tombés d'accord sur une modification limitée du traité de Lisbonne.

Le texte sur lequel ils se sont entendus indique qu'à l'avenir «les Etats membres de la zone euro sont autorisés à créer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela s'avère indispensable pour garantir la stabilité de l'euro dans son ensemble».

L'Allemagne exigeait cette garantie juridique. Berlin craignait sinon de se faire censurer par sa cour constitutionnelle car le traité actuel qui régit l'UE n'autorise pas en principe un pays de la zone euro à être sauvé de la banqueroute par ses partenaires.

Le traité doit être effectivement changé en 2011. Cette modification devra ensuite être ratifiée par les 27 pays de l'UE, en principe par voie parlementaire.

Echaudée par la crise grecque au printemps, l'Europe a déjà mis en place un Fonds de secours provisoire, complété par le FMI et l'UE. Au total, une capacité de prêts de 750 milliards d'euros.

Pour lui succéder, il a été décidé de mettre en place le dispositif permanent, afin de rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro. Après la Grèce et l'Irlande, l'Espagne, le Portugal ou encore la Belgique apparaissent vulnérables.

Principale nouveauté du mécanisme: les banques et fonds privés détenteurs de dette publique pourront contribuer au sauvetage d'un pays en faillite, au cas par cas.

Au-delà, l'Europe est partagée sur les outils à utiliser. Pour éviter une contagion de la crise, certains responsables veulent aller plus loin en augmentant les ressources du Fonds de soutien actuel, et à venir.

«Nous avons besoin d'un mécanisme plus large à partir de 2013», a jugé jeudi le ministre des Finances belge Didier Reynders, dont le pays préside l'UE. Une option que Berlin refuse pour l'instant.

Certains responsables européens veulent de leur côté créer des «euro-obligations», des emprunts d'Etat communs pour mutualiser les risques entre pays et protéger les plus faibles.

Il est soutenu par le Premier ministre portugais José Socrates, qui a parlé d'une «bonne idée», à son arrivée à Bruxelles.

Là encore l'Allemagne ne veut pas en entendre parler. «Avec des euro-obligations on ne règlerait pas les faiblesses de l'Europe, on ne ferait que les transmettre à tout le monde», a jugé Mme Merkel dans une interview jeudi.

«C'est le début de la discussion», lui a répondu à Bruxelles M. Reynders, «au bout du compte nous aurons peut-être des euro-obligations», a-t-il estimé.

Dans l'immédiat, le calme précaire revenu sur les marchés est dû surtout à l'action de la Banque centrale européenne (BCE), qui achète massivement les obligations des pays fragiles de la zone euro.

Pour rassurer sur sa capacité à faire face, l'institut monétaire a décidé jeudi de doubler son capital à 10,76 milliards.

Mais l'Europe reste toutefois critiquée pour sa lenteur de réaction face à la crise.

«Le processus de prise de décision en Europe est long, bien plus lent que la vitesse des marchés», a mis en garde le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, «je suis inquiet, c'est pourquoi j'exhorte les Européens à apporter une solution globale».

Le Comité européen des risques systémiques entre en action

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi l'entrée en fonction du Comité européen des risques systémiques (CERS), un nouvel organe indépendant chargé de veiller à la stabilité financière dans l'Union européenne.

Le CERS sera présidé par Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, et il siègera à Francfort (ouest) sous l'aile de l'institution monétaire européenne.

La création de ce nouvel organe a été décidée par la Commission européenne après le G20 de Londres l'an dernier, afin de renforcer la surveillance du système financier européen.

Le CERS doit ainsi contribuer à éviter la répétition d'une crise financière d'aussi grande ampleur que celle de l'automne 2008 après la chute de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers.

Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, a été désigné jeudi vice-président du nouvel organe par le conseil général de la BCE, qui réuni les gouverneurs des banques centrales des 27 Etats de l'Union, selon un communiqué.

Selon Associated Press et AFP.