Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker estime que les Européens «reviendront», malgré les critiques, sur son idée d'euro-obligations, dont il souhaite parler lors d'un sommet jeudi «si l'occasion lui est donnée», a-t-il indiqué à l'AFP.

«Je vais en parler si l'occasion m'est donnée pour ce faire» au sommet, a indiqué M. Juncker, dans un entretien accordé mardi à l'AFP.

Cependant, «je suis suffisamment réaliste pour savoir que jeudi et vendredi, lors du Conseil (sommet, NDLR) européen, cette question n'occupera pas le devant de la scène et qu'aucune décision dans un sens ou dans un autre ne pourra être prise», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre et ministre du Trésor luxembourgeois estime cependant que les Européens vont «revenir vers cette idée». «Parce qu'à crise systémique, il faut une réponse systémique», a-t-il souligné. «Et donc je crois que le jour venu, nous allons revenir à cette proposition», a-t-il insisté.

M. Juncker a relancé la semaine dernière avec le ministre italien des Finances Giulio Tremonti l'idée de créer des euro-obligations, des emprunts lancés en commun par plusieurs États pour mutualiser les risques.

Cette option a cependant été rejetée par plusieurs États, l'Allemagne en tête, qui jouit des taux obligataires les plus bas en Europe et refuse de payer pour les autres.

Plusieurs responsables européens ont indiqué qu'ils ne souhaitaient pas a priori que l'on parle de ce sujet à l'occasion du sommet.

Les dirigeants veulent, lors de cette réunion, se concentrer sur l'amorce d'un changement de traité européen pour permettre la création d'un Fonds de secours permanent pour les pays de la zone euro en difficulté, à l'horizon 2013.

Au-delà, les Européens ne devraient pas prendre de décisions «dramatiquement novatrices», a indiqué M. Juncker.

Ils sont divisés notamment sur l'opportunité de relever les ressources du Fonds de soutien actuel de la zone euro, comme de celui appelé à lui succéder.

Le Fonds aujourd'hui en place est doté de 440 milliards d'euros, auxquels s'ajoutent des contributions du FMI et de l'UE. Au total,ne force de frappe de 750 milliards d'euros.

«Je crois que le moment n'est pas venu pour apporter une réponse définitive» sur une éventuelle augmentation du Fonds, a dit M. Juncker. «Plusieurs gouvernements ont fait savoir qu'ils ne sont pas en position de pouvoir conclure ces débats, qu'ils ne sont pas disposés à procéder à l'augmentation du volume de la Facilité (Fonds, NDLR) jeudi et vendredi», a-t-il ajouté.

Concernant l'éventualité de donner de nouveaux pouvoirs au Fonds, comme de racheter des obligations d'État des pays en difficulté, M. Juncker s'est contenté de dire qu'«il y a sur la table des idées, beaucoup d'éléments qu'il conviendra d'approfondir».

Alors que plusieurs responsables européens ont critiqué la «cacophonie» des propositions européennes ces derniers temps, M. Juncker a estimé qu'«il est vrai qu'il est toujours dangereux d'énoncer des idées non consensuelles, et que cela peut perturber les marchés».

Cependant, a-t-il dit, «je constate que la proposition qu'avec mon collègue italien j'ai faite n'a pas perturbé les marchés, contrairement à d'autres propos relatifs à d'autres sujets qui au cours des semaines écoulées ont beaucoup perturbé les marchés».

La chancelière allemande Angela Merkel avait notamment contribué à accroître les inquiétudes en parlant de «situation extrêmement sérieuse» pour la zone euro et en insistant - sans donner de détails - pour que les banques et fonds privés, détenteurs de dette publique, contribuent à l'avenir au sauvetage des pays en difficulté.